La Souillon avait été réveillée de mauvais poil, nonchalamment par Sehun, et en plus sans son précieux bâton. Évidemment, retrouver son cher Capitaine et son chouchou de matelot avait un peu apaisé ses tourments, mais le comportement provocateur du maître d'équipage n'avait fait que renforcer sa mauvaise humeur. Alors, quand Kuraken lui fit cadeau de ce crabe du nom de Sehun, elle qui avait si faim, elle qui était si jalouse du pirate à la longue tresse bien qu'elle l'appréciait, elle se voulu se ruer sur ce crustacé et le mettre dans son gosier. Elle n'en eut pas le temps, car Slaine s'interposa. Malheur de malheur, elle ne pouvait rien faire contre ce canaillou. Sa petite voix, ses petites manières, elle n'y pouvait rien, son instinct de grand-mère gâteau se réveillait par la simple présence de celui-ci. Et elle voyait bien que le jeune pirate voulait protéger ce crabe. Elle n'eut pas le temps de réfléchir si elle devait ou non l'épargner que Sehun saisit l'animal qui portait son nom pour le sauver de son terrible destin. La vieille momie grogna des mots incompréhensible dans sa barbe tout en écrasant le sable de son pied et du bout de bois qu'elle tenait, comme pour calmer sa frustration de ne pas pouvoir dévorer ce cousin des poissons. Bien sûr, Petrushka était reconnaissante d'avoir été réveillée mais elle, elle avait soif et faim maintenant. Au moins, dans son sommeil, elle ne ressentait pas ses besoins.

Tout en grommelant et pestant contre tout et n'importe quoi, elle suivit tout de même les ordres de son capitaine. Elle devait trouver de quoi survivre ou faire à manger. Les yeux rivés sur le sable qu'elle maltraitait, elle remarqua à force de faire des trous dedans qu'une petite bête en sortait. La mémé se mit à quatre pattes pour mieux observer. Coquille sur le dos, pattes fourmillantes, elle attrapa ce minuscule bernard l'hermite entre ses deux doigts squelettiques et, carapace contre ses fines lèvres, elle aspira et goba la pauvre bête de quelques millimètres. Au moins, celui-là ne lui aura pas échappé. La Souillon tendit la toute petite coquille vide vers son capitaine et le maître d'équipage comme signe de victoire.

- La bonne Souillon a trouvé votre pitance !

Et telle un chien, elle se mit à gratter le sol pour trouver de nouvelles victimes, persuadé que cela satisferait ses camarades ici présents. Elle ne comprenait pas que ses efforts étaient en vain, utiliser tant de force pour dénicher une pauvre bestiole de cette taille qui ne nourrirait personne tant il y avait rien à manger dedans n'en valait pas la peine... Et puis, je ne sais pas si gober ainsi des bernards l'hermites était recommandé.