« Qu’est-ce que… Je fiche ici… »

Aucun souvenir. Il n’avait aucun souvenir du pourquoi du comment il se retrouvait là, allongé en étoile sur le sable chaud, en plein cagnard.

« Ahh… »

Il se redressa doucement et prit le temps d’observer chacun de ses membres. Il n’était pas blessé… Une bonne chose. Et tout ce qu’il semblait avoir perdu… Outre son précieux tome de magie noire, c’était… Ses chaussures, et son bandeau. Soupirant une nouvelle fois, il se servit de l’une de ses mains comme d’une visière pour mieux appréhender son environnement. Du sable à perte de vue… Une odeur forte de mer… Des gens ça et là. Il devait sans doute y avoir des morts. Ah.

« Il y aura peut-être des choses intéressantes dans leur poches… »

Yulliah se sentait étrangement bien, même si ce trou de mémoire le dérangeait. En se relevant, il secoua un peu ses habits pour évacuer la masse de sable qui s’était accumulé dessus. Il ne chercha pas à retirer le sel, même-ci celui-ci créait des traces blanches disgracieuses sur son ensemble noir pantalon, haut à manches longues. C’était le dernier de ses soucis. Tout comme les blessés… ça ne l’intéressait pas. Tout ce qu’il cherchait, c’était des cadavres pour pouvoir peut-être trouver de quoi survivre. Il ne pensait absolument pas aux autres, et ça lui paraissait normal. Il ne connaissait personne ici-bas et encore moins ce qui l’avait amené à boire la tasse, allongé sur un banc de sable. Peut-être que quelqu’un était fautif…
Tout en marchant, il tâtonna la sacoche en tissus qui était encore à son épaule, en bandoulière. Ça allait lui servir pour ses fouilles. En se dirigeant vers une personne allongée aux longs cheveux blancs, il pensa avoir peut-être touché le gros lot. Une vieille, ça ne devait certainement pas survivre aux naufrages. Hum…

« Hum ?... »

Mais un détail l’éloigna de ce qu’il avait entreprit de faire. Une touffe de cheveux blanche attira son attention. C’est qu’il le connaissait… ?

« Un visage connu… ? Encore plus étrange. »

Il soupira en épongeant son front, auparavant blanc et déjà un peu rose. Même s’il avait longtemps vécu à Yrsaïl, aux portes du désert de Cheldis, il avait toujours un peu de mal à supporter les rayons de soleil ardent.
Doucement, il s’abaissa au niveau de la personne qu’il reconnu comme Zero, accroupi, l’un de ses bras sur ses genoux, son coude sur ce bras, et son menton enfoncé dans la paume de sa main.

« … Besoin d’aide… ? Tu n’as vraiment pas de chance… »

Il le regardait sans aucune pitié, ni réelle compassion. Il se demandait simplement comment il avait fait pour être aussi amoché. Sans doute au mauvais endroit, au mauvais moment.

« Je peux t’aider à aller à l’ombre. Il faudra que j’aille fouiller les morts après ça. »

Profaner des corps ? Il n’en avait absolument rien à faire.



Halloween

Alors que, comme un imbécile, tu commençais à paniquer du fait que la vieille Petrushka ne bougeait pas d’un poil, tu soupiras ensuite, avec désespoir, en entendant ce ronflement si singulier de sa part. Quoi qu’un peu plus fort et paisible que d’habitude. Elle devait être épuisée par le naufrage, et n’avait pas trouvé d’autre endroit pour se reposer. Oui, ou alors elle n’avait même pas encore ouvert les yeux, elle aurait pu couler dans l’eau avec toute cette fourrure. Petrushka aurait pu réellement y passer. Tu passas ta main sur ton front pour essuyer la fine pellicule de sueur qui suintait comme des diamants sur ta peau. Accroupis à au moins un mètre d’elle, tu te levas, à la recherche d’un bâton qui pourrait t’aider. Assez solide, ce serait l’idéal. Tu t’éloignas pour le moment de ton fossile préféré, et te dirigeas un peu plus loin sur la plage. Du bois était éparpillé ça et là, quelques morceaux du navire pouvaient aisément être reconnus dans le tas. Tu soulevas une latte de bois, et y trouvas un épais bâton, parfaitement taillé, qui devait sans doute venir du soutien des voiles du bateau en miettes. C’était parfait, tu avais de la chance.

Tu relevas les yeux, et aperçus pas mal de monde qui se émergeait et se levait. Tu repris donc ta route, et croisas le regard perdu d’une grande femme, à l’allure fière. Tu ne t’approchas pas spécialement d’elle, et pourtant, tu fus contraint de passer sur son chemin, à sa hauteur, elle brandit un bâton comme on brandirait une rapière, et elle te demanda de t’identifier. Tu fronças un peu les sourcils, tu avais mieux à faire que de t’occuper d’elle, tu devais réveiller Petrushka, pour qu’elle ne soit pas à la traîne. Ensuite, il fallait que tu réfléchisses à un moyen de savoir si d’autres Pirates étaient présents.

Alors avec autant de respect que tu en devais à un rocher, tu continuas ta route, pour trottiner vers Petrushka, calmement. Tu te plaças à l’endroit exact où tu avais été, tu pris une extrémité du bâton pour commencer à tapoter le flanc de la vieille carcasse. Rien pas de réponse. Cela te paraissait logique au vue du sommeil réparateur dans lequel elle nageait avec bonheur.

Tu remontas alors pour frapper sur ses épaules, la pousser, et la secouer un peu. Tout en gardant une distance de sécurité. « PETRUSHKA VIEILLE ET ODORANTE VIANDE, LEVES-TOI SINON JE TE LAISSE ICI ! » Tu avais parlé assez fort pour qu’elle t’entende. Si elle continuait de dormir, tu irais chercher de l’aide. Il faisait chaud, il n’y avait pas beaucoup de vent, et tes cheveux collaient sur ta peau, en plus de chatouiller ton dos. Vite, Petrushka, on se réveille.

Halloween

Un soufflement de nez et un rictus répondirent silencieusement à Ryoichi lorsqu’il te répondit avoir mangé trop de sel. Ouais, toi aussi, et c’était vraiment désagréable. Alors que tu allais répondre que vous pouviez attraper quelques poissons, ou vous enfoncer dans la forêt pour trouver de quoi vous sustenter, il dirigea lui aussi son attention sur le truc bleu qui avait failli se noyer, mais qui revenait lentement à la surface. Tu n’avais pas envie de t’occuper de quelqu’un d’autre que toi, tu voulais oublier le fait que tu étais gardien, que tu devais aider les autres. Après tout, si les visages ici étaient inconnus, personne ne pourrait le savoir hein. Tu essayas de comprendre pourquoi l’intérêt de Ryo avait été piqué, mais en fait, il cherchait juste un truc à bouffer.

Tu soufflas dans ses oreilles pour qu’il comprenne ton mécontentement, tu voulais pas baby-sitter quelqu’un. Tu refusas donc catégoriquement de faire quoi que ce soit, tu boudas dans ton coin, en silence, posant à nouveau le haut de ton crâne sur le dos de Ryo. Les odeurs étaient trop fortes, tu n’aimais pas la mer, tu voulais t’éloigner le plus possible. Mais la voix de la personne précédemment sauvée par la forte poigne de Ryo, te fit dresser les oreilles.

Quel mauvais karma tu avais depuis ton réveil. Décidément, il fallait que tu te souviennes de comment tu t’étais retrouvé naufragé, parce que ce n’était tout bonnement pas possible. Pourquoi il était là lui ? Tu te redressas donc brusquement, telle une brute, pour regarder le petit bonhomme. Dire que ta surprise était immense serait un euphémisme. Tu le regardas, ébahi, choqué, un peu énervé que tu le connaisses, et que tu sois obligé d’être un minimum altruiste. (comme ça : )

« TOI ! » Tu descendis de ta monture, et commenças à râler, avant qu’il ne te coupe dans ton élan, et qu’il s’en aille. Presque en courant. « REVIENS ICI, POURQUOI TU T'EN VAS ? » Tu signas à l'attention de Ryo, quelque chose comme « pourquoi tu l'as sauvé, vois le remerciement » et t’élanças à la poursuite du poisson, nu comme un ver, ta queue de Kitsune ne cachant plus le nécessaire, juste après avoir vaguement attrapé le bras de Ryo pour pas le perdre. « ARRÊTE TOI ! » Si tu connaissais des jurons, tu les aurais sûrement enchaîner à la suite. Ras-le-bols, tu t’élanças sur ta proie, ayant évidemment relâché ton ami au préalable, pour tomber de tout ton poids sur l’algue vivante. « TU VAS OU ? »

Halloween

Tu sens cette douce eau te recouvrir tandis que résonne au loin le chant des oiseaux. Petit à petit, tu ouvres les yeux. Pour voir quoi ? Que cet immense ciel bleu avec quelques mouettes qui le parcours. Qu’est-ce qui se passe là ? Tu fronces les sourcils sans comprendre la situation. Ton corps à moitié dans l’eau, à moitié sur le sable. Au moins tu eus la chance de ne pas être la tête directement dans le sable. À devoir manger ces petits grains. Ouf. Tu te lèves, tes membres engourdis. Un petit étirement n’était pas de refus. Et puis, tu constates la scène.

Un rire éclate. Tu n’en pouvais plus. C’était quoi cette situation sérieux ? La mer à perte de vue. Du sable tout autour de toi. Une forêt pas loin. Si peu de vêtements. Sans armes. Si peu de souvenirs. Nu comme un ver ! On est pas dans un livre de fantasie ! Tu avais presque l’impression de rêver. La situation en était ridicule. Debout, tu constates cette ironie et tu te demandes ce que tu devrais faire. Quelle chaleur. Cela en était désagréable. Bon. Il était temps de réfléchir un peu. C’est que tu as quand même un cerveau. Il fallait analyser la situation. Tu observes ces personnes au loin qui se lèvent petit à petit. Oui, tu n’étais définitivement pas seul. Bien que tu ne savais absolument pas qui ils étaient. C’est que tu as du mal à les distinguer. Ce ne sont que des ombres. Presque des mirages en fait. Tu repris un minimum de sérieux bien que ton sourire trahissait ton amusement. Toi qui ne supportes pas l’ennui, tu étais bien servi. Cette aventure s’annonçait enrichissante et amusante. Bien que gênante pour les débuts. Ouais tu t’affichais plutôt fier et sûr de toi. Tu l’étais. Mais tu as un peu zappé à quel point, tu es une quiche dans la survie. Dans la chasse, c’est encore pire. Dans la fabrication, n’en parlons pas. Et ton orientation n'est pas des meilleures ! Alors comment tu comptais t’en sortir ? Avec les autres évidemment. Tu ne peux pas compter sur toi-même toi qui as vécu reclus. Toi qui est si dépendant des autres. Heureusement que tu n’étais pas seul ! Quelle aubaine !

Sinon tu serais mort en même pas 4 jours….

Bon pas de temps à perdre, il ne fallait pas que tu restes comme ça sans rien faire. Tu t’avances vers ces inconnus qui étaient sans doute dans le même pétrin que toi. Peut-être étaient-ils sur le bateau où tu étais ? Tes souvenirs sont flous comme pas possible. Et puis alors que tu étais dans ta réflexion, tu vis au loin une femme et un autre homme au loin. Bref, tu ne savais pas, c’était qui. Mais, première chose que tu remarquas c’était le manque de vêtements. Gênant… Tu ne savais où regarder sur le coup. Bien que c’était si absurde que cela en était drôle en vrai. Devais-tu en rire ou pas ? Bonne question.

Halloween

Tout blessé qu’il était, Sôh-Mon était bien déterminé à venir en aide à ceux qui en aurait besoin ! Le fait de croiser un visage connu était peut-être un pur hasard… Ou peut-être pas ?…
L’espace d’un instant, il eut l’impression d’entendre la voix de Sehun, mais c’était tellement…vaporeux ? Comme un son porté par le vent… Qu’il cru qu’il s’agissait d’un rêve, encore une fois. Il ne pensa pas possible une seule seconde, que son ami, rencontré à de maintes reprises, se retrouve dans cette étrange aventure, dont il ne se souvenait même pas du début.
Toujours boitillant dans le sable presque brûlant par endroit, le petit prêtre essayait de ne pas se blesser davantage, tout en repérant les potentiels blessés. Sa gêne occasionnée par Xingyún était déjà lointaine dans son esprit. Enfin… C’est ce qu’il crut lorsqu’une… Douce voix mélodieuse -insupportable- arriva à ses oreilles. Pauvres oreilles… Et pauvre de lui.
En entendant l’interpellation qui semblait lui être destinée, il se retourna à moitié, et vu avec stupeur le kitsune s’approcher de lui tout en gesticulant. Il semblait faire des… Signes à… L’homme, son amant ?...

« O-oui ?... Bah j’allais pas res- ! »

Maintenant parfaitement tourné vers le couple, il senti pâlir en voyant qu’il était… poursuivit par le polymorphe et son compagnon. Etrange ? Pourquoi ils ne le laissaient pas tranquille ? Ils avaient mieux à faire non ? En voyant la distance se réduire entre lui et le gueulard, il chercha à s’enfuir en faisant demi-tour pour boiter un peu plus vite. Il ne respectait plus sa pauvre cheville qui lui hurlait de marcher avec plus de soin, et écoutait plutôt son instinct de survie. Il fallait s’éloigner VITE de l’homme qui le suivait avec le… à l’air ! Ils étaient entre hommes oui, mais il n’avait pas non plus ENVIE qu’un mec le câline dans cette tenue !

« N-non ! Lâche-moi un peu ! Fais tes affaires avec ton compagnon et laisse-mo-ouaa !! »

Il n’avait pas pu finir sa phrase… Sous le poids de son propre corps et surtout du corps de l’autre personnage, sa cheville lui fit un dernier bras d’honneur avant d’abandonner. Il tomba donc la tête la première dans le sable, sa cheville se tordit un peu plus, et… Il senti l’ombre d’un instant le corps NU du polymorphe collé contre… Contre son dos.
Horrifié, Sôh-Mon était… HO-RRI-FIE . Son espace vital avait été balayé et sa pudeur piétinée. Un peu comme son dos d’ailleurs. Il avait mal, mais n’eut pas le temps de réagir, qu’il se retrouva sous le bras de l’homme qu’il supposa sourd après l’avoir entendu. Ce n’était pas le premier qu’il rencontrait… Mais… Un mot lui glaça le sang. ‘’CHASSE’’ ?!

« Ouah ! Mais… Toi ! Pingnyu ! Demande à ton amant de me reposer !! »

Le jeune prêtre était tellement sous le choc qu’il ne pensa pas à utiliser sa maîtrise de l’eau, et encore moins à appeler à l’aide.



Halloween