Celui qui a confiance …
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Tu levas les yeux au ciel pour apercevoir le soleil qui te brûla la rétine. Tu redescendis ton regard quelques étages plus bas pour apercevoir le personnel de Calion qui allait et venait dans tous les sens. Il n’y avait pas à dire : tout le monde était occupé. Certaines personnes importantes étaient déjà arrivées de régions lointaines, des étrangers foulaient déjà les couloirs de Calion, essayant de s’habituer convenablement à leur nouvelle vie, et toi … Tu avais élu domicile dans la tour la plus grande, afin d’avoir une vue sur l’ensemble de l’académie. Il ne s’agissait pas d’un tic de pouvoir ou de contrôle sur ton environnement, tu avais simplement l’habitude d’être en hauteur, d’observer sans rien pouvoir dire ou faire. Ta « chambre » si on pouvait l’appeler ainsi, était située sous le toit de cette tour ; le personnel avait refusé que tu t’y installes au départ, parce que trop loin de tout, trop poussiéreux, trop … Informel, pas assez noble, et tout le tralala. Mais tu avais insisté, c’était le genre d’espace qu’il te fallait. L’Empereur avait tiqué également en voyant l’état de la pièce au départ, tu t’étais engagé à rendre cela plus impérial tout en refusant catégoriquement que l’on fasse ta décoration. Tu aurais certainement fini avec une pièce remplie d’or et de parures rouges … Trop peu pour toi. L’un de tes iris était assez pourpre comme ça, il était inutile d’en rajouter une couche.
Une silhouette dans l’ombre attira ton regard. C’était vague tant la distance était grande entre vous, mais tu te rappelas de ton projet personnel secret. Une sorte d’excitation envahit ton ventre, alors que commenças à dévaler rapidement les escaliers de spirale à l’intérieur de ta tour. Un soldat passa devant toi et tu l’appelas sans attendre. « Votre Altesse Impériale! » Ces titres honorifiques ne te convenaient pas, mais tu ne pouvais dire à tout le monde d’arrêter de t’appeler comme ça. Tu soupiras en silence, avant d’indiquer ta requête. « Avez-vous le nom d’une étrangère, apparue à Uxy … Il s’agit d’une mage noire, aux vêtements dorés et sombres. » Il sembla réfléchir quelques secondes avant que cela ne sonne comme une évidence. « Votre Altesse Impériale doit sans nul doute mentionner Tharja, la Chamane de Plegiat. Voulez-vous que je la fasse convier ? » Une minute de réflexion. Tharja. Quel drôle de prénom. Pas plus que le tien pour elle certainement. « Êtes-vous certain qu’il s’agisse de la personne que je recherche ? » Tu préférais être sûr avant de la rencontrer. « Oui, Sire. Elle est arrivée il y a quelques jours, c’est une étrangère qui est venue du Sud. J’ai entendu dire qu’elle maudissait chaque personne qu’elle croise, et son rire révèle qu’elle est réjouit de voir le malheur s’abattre sur ses victimes … » Il s’agissait, effectivement de la femme que tu regardais en silence, dans l’attente de pouvoir enfin faire sa connaissance.
Tu avais déjà entendu des rumeurs à son sujet, après tout, c’était bien ce qui t’avait rendu curieux. « Conviez-la je vous prie. Je serai dans mon bureau, escortez-la afin qu’elle ne se perde pas. » Il se raidit mais acquiesça quand même avant de se dépêcher d’exécuter ton ordre. Cela t’étonnera toujours que les gens soient si respectueux et si … Tendus ? Non pas tendus, certains l’étaient oui, à cause de ton pouvoir, mais il n’était pas question de cela. Tu sentais parfois de la profonde admiration, et c’était un sujet qui se discutait. Mais sans nul doute que cette inquiétude te venait de ton manque de confiance en toi. Tu soupiras une nouvelle fois, et te pressas de rejoindre ton bureau. Cheldis était une région qui « t’appartenait », sur certains documents, il attestait que tu étais le légitime héritier de cette terre et qu’il convenait à ton devoir de prendre la main sur les événements. Un petit sourire nostalgique apparu sur ton visage, en pansant aux incroyables rencontres que tu avais faites deux ans auparavant dans les murs du Fort des Sables. Ta main se posa sur le bois d’une porte, qu’elle poussa pour qu’une immense pièce de pierre s’impose à toi. Tu refermas soigneusement avant de te diriger vers la fenêtre. Auparavant l’air y passait, aujourd’hui, tout avait été modifié afin de recueillir du peuple. L’alcôve était maintenant vitrée, et tu ne pouvais plus sentir l’air agréable de la frontière. Avant que tu ne puisses réfléchir davantage, on cogna à ta porte. Un léger stress apparut alors, brouillant ton jugement pendant un court instant, te provoquant une sueur froide, gelant tes mains au passage. Tout allait bien se passer, oui, après tout, tu devais le faire. Pour toi.
Halloween