Tenue de prêtre:

20ème jour de la Lune du Tatou Ardent en l’an 1047 | Uxy, région de Nirally, Tharas, Temple de Kila


Le village était silencieux… Ce qui était tout naturel. Tharas n’était pas très touristique contrairement aux villes plus au nord comme Katara. Et comme bien souvent à cette période de l’année, l’activité agricole battait son plein tout comme la pêche, et tous ceux qui ne cultivait ni ne pêchait n’étaient pas inactifs pour autant. Cordonniers, herboriste, aubergistes, marchands, palefreniers, et de nombreux artisans d’instruments de musique… Sans oublier les prêtres assistants, et le prêtre en charge du Temple, situé au centre même du village. Le prêtre principal, un jeune homme de 18 ans maintenant, se rendait justement chez un habitant de Tharas qui se trouvait être malade. Il avait reçu des enseignements de médecine, mais il n’était pas pour autant le soigneur attitré du village. Non… Le soigneur était… La personne qu’il devait soigner.
Rien de très grave, mais il fallait tout particulièrement faire attention à la santé de leur médecin, sans quoi, pour recevoir des soins, les habitants de Tharas devront se rendre à Nirally… qui se trouvait à tout de même à plusieurs jours de marche.
La visite médicale de Sôh-Mon ne dura pas bien longtemps, car il avait préparé en avance ses médicaments, une boisson et un baume à respirer, rien d’extraordinaire, mais cependant très efficace.

« Quelle chaleur… »

La lune du Tatou Ardent était connue pour être particulièrement abondante en termes de récoltes, mais les insolations pouvaient elles aussi arriver assez facilement. C’est pour cette raison que le petit prêtre essaya de rester le moins possible au soleil. Le village n’était pas très grand mais la vie y était d’ordinaire très paisible. Situé non loin des falaises et d’une île, Tharas n’avait donc que peu de voisins.
Arrivé au temple après 20 minutes à tourner incessamment dans le même quartier, car il était incapable de se souvenir du chemin à prendre, Sôh-Mon alla d’abord prier Kila, mains jointent et regard plongé dans celui de la statue, puis il se rendit dans sa chambre, qui se trouvait au rez-de-chaussée. Il vivait seul dans le temple, contrairement à tous les autres prêtres assistants qui vivaient dans leurs maisons avec leur famille. Parfois, le prêtre Kilian lui manquait. Il était parti à son 16ème anniversaire, comme il était coutume dans ce village.

Le prêtre principal devait rester au temple, jusqu’à ce que sa progéniture, prêtre ou prêtresse atteignent ses 16 ans. Bien sûr, son père aurait pu tout simplement juste quitter le temple et s’établir dans le village, mais il voulait faire grandir son fils, et la responsabilité du Temple entier sur ses épaules lui semblait être un bon moyen de l’y aider.
Encore une fois, après 5 minutes à tourner dans les couloirs, le jeune prêtre trouva enfin sa chambre et y pénétra. Il s’était occupé à son levé, après sa méditation matinale, d’arroser abondamment les jardins du temple à l’aide de son tome d’eau scellé. Il ne lui restait donc qu’à faire la lessive des draps et kimono utilisé la dernière semaine. Encore une fois, ça allait être relativement rapide, grâce à sa maîtrise et la chaleur presque étouffante. Un large panier rempli à ras-bord avec son tome d’eau tout au-dessus, il se dirigea tranquillement jusqu’au lac non loin du village en profitant des arbres pour se cacher des rayons du soleil. La matinée se finissait à peine et l’astre solaire pouvait possiblement être agressif à cette heure-ci.

Presque arrivé, Sôh-Mon hésita à un embranchement, juste avant d’arriver à la lisère du bois, qui se trouvait à proximité du lac. S’il ne se trompa pas, ce fut essentiellement à cause d’un son… D’une… Voix ? Il ne la connaissait pas. Rare était les voyageurs à cette période de l’année. Ceux qui se présentaient étaient en général des visiteurs de Katara faisant une pause de quelques jours.

« Ah… Si je ne me trompe pas, il y a eu ce fameux festival il y a quelques jours là-bas… »

Sôh-Mon avait été très heureux d’entendre par certains marchands itinérants revenant de Nirally que le royaume entreprenait ENFIN après toutes ces années d’envisager de faire la paix. L’ouverture des frontières allait permettre aux cultures Naelite et Uxyienne de se rencontrer et d’échanger. C’est tout ce dont il rêvait… Il ne pouvait pas quitter le temple, car il avait des responsabilités… Mais il ne pouvait s’empêcher de s’imaginer rencontrer des Naelites, et apprendre d’eux. Notamment sur leur point de vue au niveau historique, sur leur religion…

« Hm… Peut-être un jour, lorsque je partirai comme Père… »

Encore plus aujourd’hui il comprenait cette envie qu’il avait eu de voyager et de découvrir de nouvelles choses.
Le lac en vue, Sôh-Mon fut obligé de plisser doucement son regard, légèrement aveuglé par la forte luminosité. Il n’eut qu’à faire une dizaine de pas avant de se trouver nez à nez avec l’étendue d’eau, calme et pleine de vie. Parfois, des poissons sortaient de l’eau pour attraper des insectes. Des oiseaux faisaient leur vie à la surface, et d’autres animaux participaient à cet écosystème.

Pensif, Sôh-Mon se dévêtit partiellement pour ne pas suer dans le haut de son kimono, puis se mit activement à la tâche. Attrapant en premier un drap, il ouvrit son tome scellé à même le sol, ouvert sur une page en particulier, puis d’un mouvement du doigt, il amena une quantité d’eau moyenne au-dessus de l’eau pour former une bulle pleine. Tenant la bulle d’une main, il s’en approcha et y enfonça son drap, puis une poudre blanchissante et lavante qui se mit à mousser à l’intérieur de la bulle. Tout en observant les êtres vivants autour de lui, surtout de son œil droit, il créa un mouvement dans sa bulle, pour mélanger le drap, la poudre lavante, et l’eau. C’était sa manière de faire la lessive. Il pouvait ainsi gagner du temps et de l’énergie qu’il pourra par la suite utiliser pour méditer.

Malgré la magie qu’il utilisait, les animaux -en général- ne ressentait aucune animosité venant de lui. Ainsi, deux oiseaux profitèrent de ses doigts tendus pour s’y percher, et le chatouillement qui s’en suivit lui arracha un petit rire amusé. C’est qu’il était chatouilleux… Et puis à quoi bon se retenir ? Il n’y avait personne.
L’un des deux petits oiseaux changea de place afin de se loger sur le crâne du prêtre.

« Eh bien… Vous avez raison, vous êtes chez vous après tout. »

Heureux simplement par cette proximité si paisible, il relâcha son linge savonné pour le déposer dans le panier, et recommença avec un autre tas de tissus, cette fois-ci plusieurs kimonos, tout en chantonnant un chant qu'il connaissait depuis très longtemps.


Halloween

Après t'être relativement bien amusé au festival d'été de Katara, tu t'étais dit que tu pouvais descendre encore plus au sud pour visiter Nirally. Cela faisait un bout de temps que tu avais envie de t'y rendre, voilà une occasion en or. Bien que les frontières n'existaient pas pour toi, et ton organisation de criminels sans foi ni loi (quelle tristesse hein), tu voulais profiter de ce petit moment où tu étais bien moins pirate que touriste. Tu aimais voir de nouvelles choses, et heureusement que tu avais le sens de l'orientation, bon sang, sinon tu ne serai pas sorti de l'auberge. Et cela valait le coup de sortir cette expression, parce que tu passais et repassais dans les auberges sur ton chemin. Tant que tu connaissais pas mal des gens qui y travaillaient. Tu cachais ton identité à chaque fois, t'inventant des noms tous plus exotiques les uns que les autres. Histoire d'éviter qu'on remonte à Sehun, le pirate du Leviathan. Il ne fallait pas que tu oublies que tu étais considéré comme un bandit sans moralité, alors autant éviter de t'attirer les autorités d'Uxy.

Après un rapide passage dans les montagnes de Fahlia, tu continuas de descendre pour t'arrêter dans les écuries en contre-bas. Il fallait bien que tu te reposes, tu n'aimais pas spécialement les chevaux ou autres créatures terrestres, alors tu utilisais tes pieds. Tu avais du raccommoder plusieurs fois tes chaussures, ainsi que tes vêtements. Les pointes rocheuses des monts n'avaient pas aidé à garder tes habits tranquilles. Et alors que tu écoutais les conversations des gens de passage, tu entendis parlé de Tharas, un petit village tranquille. Il semblait que ces personnes y retournaient, et tu eus une idée fabuleuse. Un soupir plus tard, tu te dirigeas vers eux, afin de demander gentiment, sous une excuse absolument grossière, qu'ils t'emmènent là-bas avec eux. Sans étonnement, ils acceptèrent.

Alors au lieu d'user de tes pieds, tu posas ton popotin dans leur chariot, rempli de cailloux de différentes couleurs et de différentes tailles. L'idée de leur voler ces précieux joyaux ne te traversa pas l'esprit une seule seconde, après tout, même si l'expression "l'habit ne fait pas le moine" pouvait être vrai, dans ce cas-là, tu ne doutais pas que leur village faisait partie du décor oublié. Tu leur racontas ton histoire dans les grandes lignes, tu étais un voyageur venu du Nord d'Uxy, avec le but de découvrir le plus de région et villages possibles. Tu voulais enrichir tes connaissances, et ainsi pouvoir raconter des histoires, comme tu le faisais avec eux. C'était tout à fait vrai, après tout, tu n'avais aucune raison de mentir sur cela. Tu omettais juste le détail que tu étais un pirate, rien de plus.

Une fois que tu aperçus le village en question, tu revisitas ton jugement. Ils n'étaient peut-être pas si pauvres. Peu importait, ces braves gens t'avaient amené chez eux, tu n'avais pas envie de les voler. Ils méritaient qu'ils gardent leurs biens. Pour cela, tu leur adressas un immense sourire, et tu te dirigeas vers l'endroit le plus calme. Après t'être renseigné autour de toi, il était évident que le lieu sacré de Kila était le plus propice à la détente spirituelle, mais ce n'était pas ce genre de quiétude que tu recherchais. Non, toi, tu voulais un peu de nature. Oh et un bain te ferait sans doute du bien. Avec tes maigres économies, tu passas rapidement chez un vendeur pour y acheter des aiguilles et du fil, ainsi qu'un minuscule morceau de savon à la menthe sauvage.

Tu marchais tranquillement, tes achats dans tes longues poches quasiment invisibles de ton sarouel craqué. Ton aspect diva était en péril, tu devais à tout prix rafistoler tout ça. Le temps était propice à nettoyer tes habits, tu pourrais les faire sécher en allant te baigner un peu. Après tout, la mer avait creusé un petit fleuve pas loin d'ici, alors autant le chercher pour te reposer un peu. Ce qui t'orienta dans une direction en particulier, ce fut une voix, douce, apaisante. Tu suivis donc le flux de parole et t'enfonças dans une petite forêt, avant d’atterrir devant une étendue d'eau claire, brillant de mille feux sous les rayons du soleil. Tu restas ébahi par tant de beauté quelques secondes, cela te rappelant ton précieux océan, tes pieds pendant du mât du Leviathan, profitant du vent dans tes cheveux ... La liberté. Ta liberté.

Tu remarquas donc une personne en train d'utiliser sa magie pour tu ne savais quoi, alors que des oiseaux étaient venus se poser sur lui. Tu t'approchas d'un pas et tous, s'envolèrent. Tu regardas alors leurs ailes battre dans l'air, suivant de tes yeux leur mouvement jusqu'à ne plus les voir. Puis tu aperçus des yeux curieux sur toi et comme à ton habitude, tu adressas un immense sourire faussement naïf avant de t'avancer plus près et de poser tes fesses sur l'herbe. « Ce qu'il fait chaud ! » Tu t'étiras dans un grognement d'aise avant de t'allonger à même le sol. « C'est toi qui étais en train de chanter ? Tu as une belle voix ! » C'était la vérité, tu l'avais suivi mais il s'était arrêté trop tôt.

Après sa réponse, tu te redressas pour enlever ce qui te servait de haut, tu sortis de tes poches tes achats. Tu cherchas donc les parties abimées, afin de commencer à les recoudre. Un peu de compagnie ne te ferait sans doute pas de mal, tu avais besoin de discuter un peu, sans quoi, tu allais sans doute t'ennuyer un peu.

Halloween

Tenue de prêtre:

Moyennement surpris par la fuite brusque des volatiles qui avaient trouvé refuge sur son crâne et sa main, Sôh-Mon détourna doucement son visage vers le nouveau venu. Il l’avait entendu arriver, bien que ses pas s’étaient avérés assez discrets. Bruissements de feuilles, craquements de branches, il arrivait sans mal à lire le son de la nature autour de lui. Il n’y avait pas meilleure mélodie à ses yeux que le chant des oiseaux et de l’eau s’écoulant à travers les rochers. Malgré la protection des arbres, quelques rayons de soleil arrivaient jusqu’à sa peau, le réchauffant délicieusement sans le brûler pour autant.
Sa chanson interrompue par le départ de ses petits amis, le petit prêtre observa le voyageur.

Il ne l’avait jamais vu auparavant… Et au vu de ses vêtements, il se serait souvenu d’un tel personnage. Loin d’être sur ses gardes et d’éprouver le besoin de se méfier face au jeune homme natté, Sôh-Mon répondit à son sourire par un autre, doux et apaisé. Tout en le regardant s’asseoir, il refit sa manipulation du linge de maison pour finir sa lessive.

« Bonjour… Bienvenue à Tharas. Dès que le calendrier rentre dans la période des chaleurs, on ne sort plus de ces températures avant la Lune du Faucon Imprévisible, au moins. Oh… Eumh… Oui c’était moi, je vous remercie… »

Quoi de plus normal pour le prêtre du Temple de Kila ? Il s’entraînait régulièrement pour que chaque Célébration de l’arrivée de Kila soit parfaite. Et même si Sôh-Mon se sentait capable de chanter la plus compliquée des chansons, il n’en était pas pour autant prétentieux. Au contraire, il aidait certains de ses assistants à mieux exprimer leur amour pour Kila pendant leur chant.
Sa lessive finie, le petit prêtre déposa le reste de linge dans le panier avant de s’aider de branches basses, de rochers et de buissons pour étendre les étendues de tissus, sans toutefois perdre de vue le jeune homme natté. Qu’il s’agisse de ses beaux bijoux, de ses tenues ou de son charisme, tout donnait à penser qu’il venait de loin, peut-être venait-il de l’autre bout de Nirally… Voire… Peut-être même au-delà ? Qui sait… Il n’avait que trop peu voyager pour deviner ses origines d’un coup d’œil.

« Vous êtes venu jusqu’ici pour faire un peu de couture ? Si jamais il vous manque quelque chose dans votre nécessaire à coudre, il y aura sans doute de quoi vous aider au Temple. »

Sa tâche finie, il se rapprocha de l’inconnu pour s’agenouiller tout au bord de l’eau. Malgré l’arrivé du jeune homme, Sôh-Mon n’avait pas bougé son tome d’eau. Il ne voyait aucunement l’intérêt de se méfier d’une créature de Kila aussi amicale. Doucement, il attrapa son ouvrage scellé sans le cacher des yeux de son vis-à-vis, et il ouvrit délicatement les pages pour les feuilleter, lisant les sorts qui s’inscrivaient au fur-et-à-mesure de son apprentissage. Il aurait pu retirer l’eau du linge mouillé pour gagner du temps, mais, s’il venait laver le linge au lac, c’était aussi pour prendre une petite pause.

« Je me nomme Sôh-Mon, enchanté de faire votre connaissance… ? »

Il ne s’était pas directement présenté comme étant le prêtre du temple, car son habit n’était porté que par les prêtres principaux du village. Les assistants eux, portaient quant à eux des kimonos noirs. Et n’importe qui du village connaissait ce code vestimentaire. Mais ce n’était peut-être pas si évident pour les étrangers.
Tranquillement, à la fois pour s’entraîner et également car la soif commençait à se faire sentir, il ramena à lui une boule d’eau de petite taille jusqu’à son visage, afin de pouvoir se désaltérer sans mouillé son vêtement.

« Puis-je vous demander d’où vous venez ? Sans vouloir être indiscret. Je ne connais pas grand-chose du monde. J’ai tout au plus aperçu une partie de Nirally. »

Son envie de pouvoir voyager et découvrir tout Uxynael se faisait encore plus présente lorsque le petit prêtre se trouvait en présence de personnes extérieures. Entouré des villageois, il en oubliait presque l’étendue de tout Uxynael. Il ne pouvait qu’imaginer la taille de toutes ces villes et pays grâce aux nombreuses cartes qu’il avait pu voir dans les livres de la bibliothèque du temple. Contrairement à ce qu’il voulait laisser voir de sa personne, Sôh-Mon devait apparaître un jeune en mal de voyage.




Halloween

En suivant cette voix angélique et cristalline, tu continuas ta route sans faire attention au fait d’être discret ou non. En réalité, un peu de compagnie ne te ferait pas de mal, et puis, si éloigné de la civilisation, toi, tu ne risquais rien. Avec une curiosité certaine, tu le regardais jouer avec le linge, te demandant à quoi cela pouvait bien servir. Mais l’odeur qui suivit le roulement de vêtements dans la bulle d’eau te donna une petite idée de ce qu’il faisait : une lessive. C’était, certes, un moyen particulier et tu n’avais encore jamais vu cette pratique, mais cela semblait utile au moins. Il y avait chez cet inconnu quelque chose de spécial, et il t’attirait sans que tu ne saches exactement pourquoi. Ce qu’il dégageait ? Sa beauté naturelle ? Ses longs cheveux d’un bleu extraordinaire ? De très bonnes questions que tu te posais là, mais tu n’avais pas envie d’y réfléchir.

Il s’adressa à toi de manière tout à fait naturelle également, sans once de méfiance. Peut-être que tu allais pouvoir te détendre un peu, retirer cet air faussement joyeux et prendre ce prénom de Sehun. Tu doutais que les habitants de ce village en ait quelque chose à faire des pirates, alors d’ici à ce qu’ils aient entendu parler de toi … Tu doutais fortement de ce fait. Alors, pour la première fois depuis un moment, tu échangeas un sourire sincère avec ce jeune homme bleu. Ce dernier se remit à faire ses choses avec le linge, pendant que toi tu te forçais à loucher sur le fil de tissu afin qu’il passe dans le trou de l’aiguille. Tu pinças tes lèvres, concentré sur cette tâche. Quand tu y parvins enfin, tu affichas un sourire bête, vainqueur.

Tu levas la tête pour le regarder lorsqu’il parla de nouveau, en te demandant si tu étais venu jusqu’ici pour coudre. Il n’était pas très loin de la vérité, mais tu cherchais d’abord un endroit calme et de l’eau pour te laver. « Je suis toujours à la recherche d’endroits comme ici. C’est calme, et je peux me balader nu sans que ça dérange quelqu'un. » Pour une fois, tu usais de toute ton honnêteté et même s’il ne savait rien de toi, tu ressentais une certaine liberté à ne pas devoir mentir. « Tu crois qu’il me manque quelque chose ? » Tu regardas avec un tel sérieux ton équipement de couture que tu semblas douter tout à coup. D’habitude, tu avais juste cela et c’était amplement suffisant. Bien vite, tu oublias tes interrogations pour regarder ton interlocuteur, d’un air perplexe. Saumon.

« Enchanté, je suis requin ? » Tu ne pus t’empêcher de faire une petite blague, parce que sur l’instant, tu avais pensé qu’il te faisait marcher. Mais il avait l’air trop sérieux pour que ce soit en fait, une ânerie. « Attends, t’es sérieux ? Tu t’appelles vraiment Saumon ? Comme le poisson ? Tu te fous de moi ! » Tu t’étais redressé, curieux, intrigué, mais aussi surpris, et à la limite du rire. Tu ne voulais pas paraître impoli, mais … Il y avait de quoi se moquer non ? C’était incroyable comme les parents pouvaient donner des noms débiles à leur gosse. Tu étais content de pas avoir un prénom stupide, et surtout, de l’avoir changé. Tu n’avais pas honte, tu n’avais pas envie d’assembler ton prénom de naissance avec ta vraie vie et tes décisions. De plus, tu écartais les dangers de ta mère si tu ne le prenais plus, alors adieu Aedan, bonjour Sehun. Et sûrement pour toujours.

Lorsqu’il te posa la question de ta provenance, tu pris un air sérieux, réfléchissant à la réponse que tu allais donner. Soudainement, tu semblas loin, émotionnellement tu apparus comme détaché, sans émotion, froid. Quelque chose d’étrange pouvait se voir dans ton regard. Un nouveau mensonge ou bien, un peu de sincérité ? Cela te changerait un peu. « Tu sais garder un secret ? » Un petit sourire espiègle se dessina sur tes lèvres alors que tu t’étais approché de son visage, faisant mine de le mettre dans la confidence. Il n’y avait probablement personne aux alentours, mais ne savais-on jamais. Ton souffle vint caresser le tendre cou de ce Saumon, avant que tu ne murmures des mots que lui seul, pourrait entendre. « Je viens de loin … De très loin. Et si je te disais que je suis un criminel recherché sur le continent ? Tu me crois ? »

Halloween

Tenue de prêtre:

Toujours un peu curieux, Sôh-Mon observa discrètement le propriétaire de la longue chevelure sombre d’un œil admiratif. Quelque chose de mystérieux se dégageait de lui... Mais cette impression était si légère qu’il n’en avait même pas conscience. Presque aussi concentré que le visiteur, il fut aussi satisfait que lui lorsque celui-ci arriva à passer le fil dans l’aiguille. Attendrit comme il l’aurait été avec un enfant en le voyant si fier pour un travail aussi anodin, il s’amusa de ses petites mimiques et reparti dans une réflexion où son regard se promenait tout autour de lui. De la surface de l’eau tranquille, au doigts habiles du jeune homme, en passant par toute la faune qui semblait omniprésente autour d’eux. Le bel inconnu semblait être de son âge, bien qu’un peu plus petit en taille.

Ainsi, il recherchait tout spécialement des lieux calmes et entouré de végétation… ? Pour… Se promener nu ?
La franchise du jeune homme ne le choqua pas, au contraire. Il en fut même amusé. Loin d’être traumatisé par la nudité des autres hommes, c’était plutôt monnaie courante justement lorsque les prêtres assistants se purifiaient à ses côtés dans la source, derrière le Temple. La seule nudité qui mettait mal à l’aise Sôh-Mon, c’était celle des femmes. Il n’en avait jamais vu une dénudée et évidemment… Sa vie amoureuse en pâtissait. Mais pour lui ce n’était pas un problème. Il avait suffisamment d’amour pour tout Uxynael, et il n’avait nullement besoin de s’enticher d’une personne en particulier.
Ainsi, le prêtre pencha son visage légèrement sur le côté et enroula machinalement ses cheveux autour de son cou, malgré la chaleur étouffante. Depuis que sa chevelure avait atteint une certaine longueur, il avait pris l’habitude de les enrouler autour de son cou, qu’il vente, qu’il neige, qu’il pleuve… Ou que le soleil brille à tel point qu’il pourrait cuire un œuf sur une pierre.
Riotant légèrement tout en fixant son vis-à-vis, il n’hésita pas à faire un petit commentaire, tout en restant poli.

« Vous avez très bien choisi. À cette heure-ci, les enfants restent au frais chez eux, et les adultes travaillent soit à l'ombre, soit ils se reposent. Surtout nos agriculteurs… Alors vous pouvez vous baigner en toute tranquillité ! »

La manière de s’exprimer de Sôh-Mon était effectivement bien polie. C’était son père adoptif, le prêtre Kilian qui lui avait apprit à bien parler, et bien se tenir. C’était devenu naturel pour lui de vouvoyer ses vis-à-vis, qu’il s’agisse d’enfants ou de personnes de son âge. Mais qu’on le tutoie ne lui posait aucunement problème.
Toujours un peu souriant, Sôh-Mon quitta sa position agenouillée dans l’herbe, déposa son tome d’eau entre lui et l’inconnu, puis dévoila ses jambes blanches en tirant sur son kimono, juste assez pour s’immerger dans l’eau fraîche jusqu’aux genoux.

« Hmm, non je ne pense pas, vous semblez être bien équipé. Vous savez, je ne m’y connais pas énormément, j’ai surtout appris à recoudre des plaies. Mais... je sais qu’au Temple il y a de quoi ! »

Remarquant le regard perplexe de son vis-à-vis par rapport à son prénom, le petit prêtre s’amusa à bouger ses jambes dans l’eau, au rythme des poissons se faufilant entre celles-ci. Assez naïf pour ne pas comprendre immédiatement que le jeune-homme blaguait, le bleuté déroula sa chevelure et se mit à réfléchir. De quelle région de Uxy pouvait bien venir un homme répondant au nom de " Requin " ? C'était encore moins commun que son nom. Et pour quelles raisons ses parents l'auraient nommé ainsi ? Il ne comprenait pas... Et puis tout de même… La probabilité pour que lui, portant un nom de poisson, rencontre un autre porteur de nom aussi "aquatique"…

« Requin ?.. C’est vrai… ? »

Immédiatement après, il comprit que non seulement il s’était fait stupidement avoir, mais qu’en plus le jeune homme l’avait taquiné sur son nom. Sôh-Mon se mit à tripoter ses mèches de cheveux qui se mêlaient aux brins d’herbes, surtout lorsqu'il penchait ainsi son visage légèrement en arrière. Rougissant très légèrement de honte, ce qui était rare pour lui, il fronça très doucement ses sourcils et entortilla un peu plus ses longues mèches autour de ses doigts.

« … Hé ! Tout d’abord, mon prénom ne s’écrit pas comme pour le poisson ! Et… Je trouve que mes parents ont bien fait de me nommer de cette manière !...Si je pouvais réellement être un poisson, je serais le plus heureux des hommes… »

Même si le fait que, son nom avait été raillé -bien que soit purement amical d’après lui- et qu’il s’en sentait toujours un peu blessé, Sôh-Mon était tellement… Intrigué par ce jeune homme, qu’il n’arrivait en réalité pas à lui en vouloir. Quoique… Il n’arrivait jamais à rester rancunier bien longtemps en règle générale. Souriant doucement de nouveau, il détourna son regard légèrement vairon pour observer le lac.

...Parler de baignade lui avait donné envie… Et il faisait si chaud…
Ce n’était pas son premier été à Tharas, et même s’il appréciait la chaleur, il sentait aussi l’eau s’évaporer de son corps au fur et à mesure du temps qui passait.

« Hm ?... »

Un peu surpris par le silence de son vis-à-vis, il se tourna vers lui, pour apercevoir … Un éclat étrange dans son regard. Il y avait quelque chose d’indescriptible. Peut-être se souvenait-il... d’un mauvais souvenir ?

« ...Un secret ?... Ah, bien sûr. On m’en raconte souvent, et je n’ai jamais faillis ! »

En tant que prêtre, certains déchargeaient leur conscience sur la sienne et recherchait à travers son pardon, celui de la Déesse bienfaitrice.
Pas le moins du monde offensé par sa proximité subite avec l’étranger qui pour le moment, se prénommait '’Requin’’, il se rapprocha même un peu plus pour ne perdre aucune miette de ce fameux secret. Un peu penché, le haut de son kimono rabattu sur sa taille se mêla un peu avec ses mèches bleues, tandis que son regard accrocha le sien, chercheur de vérité...

Ah ! Encore une blague ?
Faisant une petite moue boudeuse, Sôh-Mon plongea sans aucune gêne son regard au plus profond du sien. Il ne voyait pas de mensonge… Mais… Vraiment ? Un criminel ?

« Alors… Tu serais... un criminel se nommant Requin, qui aime se balader nu à proximité de lac… ?... Et ton crime serait de… Coudre nu ? »

Il ne le croyait pas vraiment, voire même pas du tout. Plus parce que pour lui, la personne qu’il avait en face, peut-importe ce qu’il avait pu faire dans le passé, n’avait pas une attitude mauvaise. Il n'avait pas un criminel en face de lui, mais un jeune homme amical.
En reprenant son sérieux, après s’être lâché en petites blagues, le petit prêtre de Kila se rendit compte du tutoiement qu'il avait fait sans s'en rendre compte, et se confondit en excuse, le regard subitement accroché aux travaux du « Requin », et notamment sur l’aiguille en plein travail.

« Je… Pour vous répondre un peu plus sérieusement, je ne crois pas que la personne que j’ai en face de moi soit ce que nous appelons tous communément un criminel. Ce terme est de toute façon très flou… Pour certain, être un criminel serait de croire en Soma plus qu’en Kila… Ou de souhaiter survivre en volant une miche de pain. Alors même si vous étiez vraiment un criminel recherché, ça ne changerait rien. En tout cas pour moi et pour Tharas. Parce que quelque part, dans le monde, certains me verraient aussi comme un criminel. »

Incapable de mentir, il avait répondu avec toute la sincérité qui le définissait. C’était une manière simple et naïve de penser, mais c’était sa manière d’être.

« Je garderai votre secret… Mais pourrais-je connaître votre véritable nom, Mr Requin ? »

Dans un premier temps, il voulait pouvoir connaître son nom, et dans un second temps, entendre parler de la patrie de cet homme si mystérieux qui semblait aimer les plaisanteries. À défaut de directement voyager, il se contenterait volontiers des récits du jeune homme.






Halloween