Caractère
Le monde n'est que chaos. Cette phrase résume bien ta manière de penser, n'est-ce pas ? Pour toi, le monde n'a pas de commencement. Il n'a pas de fin non plus. Tu as conscience de n'être qu'une petite chose, un point sur une frise gigantesque qui n'a pas beaucoup de sens. Alors pourquoi s'embêter à en chercher un ?

Tu es inconstante, tu ne tient pas en place. Tu ne fais que ce dont tu as envie, sans te préoccuper des conséquences. Du moins, lorsque je te laisse le champ libre... Heureusement que je suis là pour réfléchir pour nous deux et t'éviter des problèmes. Car si tu as oublié, moi je me souviens... La souffrance n'a rien d'agréable.

Tu es indépendante. Tu déteste avoir besoin qu'on t'aide, tu ne l'admettras jamais. La seule personne dont tu accepte de dépendre, c'est moi, car tu n'as pas le choix. En dehors de cela, tu n'écoute personne, et personne n'a le droit de te dire ce que tu dois faire.

Tu es joueuse, pour le meilleur comme pour le pire. Tu ris de tout et de rien, du plus anodin comme du plus dramatique. Aucun humour n'est trop noir pour toi.

Tu aime t'inventer une histoire, car tu ne te souviens pas de la notre, et c'est aussi bien ainsi. Tu te présentes toujours sous un pseudonyme différent, il n'y a que moi qui te connaisse sous ton vrai nom, et je ne te le rendrais jamais. Pour moi, tu es Winnie. Mieux vaut que ton véritable nom reste bien gardé, car il pourrait ramener beaucoup de choses malsaines à la surface.

Tu es une menteuse pathologique, mais on peut difficilement te le reprocher. La vérité blesse, et tu n'aime pas être blessée. Ces mensonges sont un moyen de mettre de la distance entre toi et ceux qui t'entourent. Sans même parler du fait que ton amnésie t'empêche de répondre honnêtement à beaucoup de questions. Tu mens d'ailleurs avec un aplomb incroyable.

Tu es d'une bonne humeur résolument inébranlable. Toujours le sourire aux lèvres, même lorsque tu es agacée. Tu ne supportes pas de te sentir triste ou en colère, et tu réprime les sentiments négatifs avec toute la force de ta volonté. Je ne briserais pas ce barrage.

Tu es pleine d'énergie. L'oubli apporte la force. Tes épaules sont allégées du poids du fardeau qui pèse sur les miennes. Je le supporterais pour toi, car je veux te voir heureuse. Alors cours pour moi, joue pour moi, vis pour moi. Je me chargerais de nous éviter les problèmes, malgré toi s'il le faut.

Tu es combattive. Personne ne te marche sur les pieds impunément. Ceux qui s'y essayent ne trouveront pas en toi une cible aussi facile que ta petite taille ne le laissait présager.

Story
L'oubli est une bénédiction. Tu as oublié. Pas moi. Je me souviens encore de ce que tu subissais, avant... Je me souviens de la mère qui fut la tienne, qui n'avait rien de particulier sinon sa perversion. Tu ne me connaissais pas encore à l'époque. Existais-je seulement ? Bien entendu... Sinon je ne me souviendrais pas de ces évènements.

Je dirais simplement ceci, et ferait tout pour que tu ne l'entende jamais. Tu est née dans une grande ville d'Uxy. Tu n'a jamais su qui était ton père, bien que ta mère t'ait souvent répété qu'il s'agissait d'un noble de la ville qui aurait dû assumer ton éducation pour t'avoir mise dans son ventre. Ta mère d'ailleurs, était une prostituée. Elle ne voulait pas de toi. Elle a cherché à se débarrasser de toi dès l'instant où elle s'est rendu compte qu'elle te portait. Elle se rouait de coups, prenait des médicaments pour te perdre, buvait de l'alcool autant qu'elle le pouvait, mais même alors que tu n'étais pas née, tu étais déjà douée d'une farouche volonté de vivre.

C'est ainsi que tu vins au monde, fille d'une prostituée et d'un noble anonyme. Ton enfance fut loin d'être heureuse. Ta mère oubliait de te donner à manger, de s'occuper de toi. Elle n'y consentait que parce-que tu criait trop fort et faisait fuir ses clients. Solitaire, tu l'étais, indéniablement, et pas de ton fait. Lorsque tu fus capable de marcher et de te saisir d'objets, ta mère commença à voir en toi non plus un objet de gêne, mais un outil possiblement rentable, pour peu que tu grandisse un peu. Alors elle s'appliqua à t'éduquer... à sa manière. Elle t'inculqua l'obéissance par la terreur. Elle te frappait, t'infligeait les pires privations lorsque tu avait le malheur de demander quelque chose, et si tu parlais trop à son goût, elle t'étranglait jusqu'à l'inconscience.

Tu as toujours été témoin de son activité, et ses clients s'en moquaient bien. Certains s'en excitaient même. Lorsque tu arriva à l'orée de l'adolescence, que ton corps commença à se former, il fut trop tard pour toi. Ta mère te jeta dans les bras du premier venu, l'enjoignant à se montrer aussi ferme que nécessaire avec toi. Il était temps que tu lui rembourse les années de sa vie qu'elle avait perdu à t'éduquer, disait-elle.

Cette expérience, je la garderais enfouie aussi profondément qu'il le faudra pour que tu ne t'en souvienne jamais. Elle, ainsi que toutes celles qui suivirent. Tu aurais voulu crier, chaque fois qu'un de ces porcs posait la main sur toi, mais ta mère veillait au grain. Elle savait conseiller ses clients pour qu'ils te fassent taire. Trop de mains se sont resserrées sur ta gorge pour étouffer tes cris.

L'oubli... Oui, l'oubli est une bénédiction. Il t'a fallu plusieurs années pour me trouver. Pour me faire venir à toi, pour chercher auprès de moi l'aide et le réconfort dont tu avais besoin. Peu à peu, je me suis penchée sur toi, je t'ai protégé de mes bras. Je t'ai emmenée avec moi, et nous sommes parties loin de cette ville, loin de cette femme, de ce démon. J'ai pris ta mémoire, et je l'ai lavée des affronts et des souffrances. J'ai pris ton nom, j'ai pris ton identité, et je t'ai offert une nouvelle vie. Une vie où tu pourrais être heureuse.