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[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse

Ecrit le Sam 22 Fév - 18:41
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« A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. »- Lao She




Madame, Monsieur, installez-vous confortablement. Votre humble narrateur va vous conter une drôle d'histoire qui s'est déroulée il y a quelques temps de cela, dans la petite auberge Printemps se trouvant à la frontière entre Ama et Snowllia. Je m'avance un peu en disant « petite », elle ne l'était pas tant que ça, je crois que le terme « déserte » serait plus approprié pour la désigner en cette période de l'année.  Les quelques clients qui s'y arrêtaient étaient des voyageurs qui se rendaient dans la région des Kitsune ou, au contraire, en revenaient. Mais, il y arrivait que, parfois, quelques voyageurs... indésirables s'arrêtent dans cette auberge. Je sais. Je sais pertinemment que vous voyez très bien de qui je veux parler. Une très vieille femme, sentant une odeur de cadavre en putréfaction... Oui, celle-là même qui parle toute seule là, sur le chemin. Je sais, vous vouliez une histoire épique, pleine de romance ou libidineuse mais ne vous en faite pas : il y aura du combat et même de la pénétration à la nuit tombée. Ah, aurais-je attisé votre curiosité ?
Vous vous demandez sûrement ce que la vieille peau faisait là, seule, loin de son équipage. Il y a une explication simple à ce fait si étonnant : le bateau avait été amarré un peu plus à l'est il y a de cela deux jours. Qu'est-ce que les pirates faisaient dans cette région ? Ca, ce n'est pas dans notre histoire du jour. Sachez juste que l'un d'eux avait demandé à la grand-mère de leur ramener une boisson divine d'un nom improbable qu'un artisan Kitsune fabriquait non loin de là. Elle s'apprêtait à l'insulter de tout les noms et à l'envoyer bouler, avant que celui-ci ne lui dise que cet ordre venait d'en haut. Traduction, c'était son cher Capitaine qui lui confiait cette mission à elle, qui était si digne de confiance, parce qu'aucun autre incapable de cette armada (oui oui, dans la tête de Petrushka, il y a parfois quelques exagération) ne pouvait s'en occuper ! C'est ainsi que, sac sur son dos bossu, elle partie en quête de cette boisson au goût exquis qui évidemment n'existait absolument pas. Tout ceci n'était que pure invention de quelques matelots qui se riaient de la voir partir, et célébrèrent leur victoire en levant leur verre à la santé de la momie. Oh, ne vous sentez pas désolé. Ce genre de blagues étaient monnaie courante entre eux et l'octogénaire, et sachez qu'ils allaient sans doute le payer très cher quand, un soir prochain, ils se mettraient au lit dans leur couchettes et constateraient par l'odeur que leurs couvertures auront été échangées avec celle de mamie, pleines de crasses et de poux. Entre partir quelques jours dans la magnifique contrée des Kitsune, et voir votre couchette envahi d'une peau-de-bête-non-identifiée-qui-pue-le-cadavre, que choisissez-vous ?

Mémé arriva donc dans cette auberge à la tombée de la nuit. Elle s'était perdue en chemin, mais avait reconnu la petite pension. Elle y avait déjà mit les pieds, c'est sûr, mais elle ne se souvenait plus exactement quand ni pourquoi. Elle poussa la porte  pour se retrouver face à l'aubergiste, ainsi qu'à une pauvre serveuse qui allait probablement prendre les commandes des deux seuls clients attablés à des endroits différents tout autour de la pièce. Si Petrushka avait fait attention à ce qui l'entourait, peut-être aurait-elle remarqué que le visage de la jeune femme se décomposa au vu du cadavre ambulant qui venait d'entrer, mais bon, la harpie n'en avait que faire de cette pauvre femme qui se retenait de respirer tout en passant à côté d'elle. L'homme derrière le comptoir, probablement le maître de maison, s'adressa à elle comme à une vieille connaissance.

- La Souillon, que me vaut cette visite ?

La femme portait un vêtement aussi vieux et ratatiné qu'elle, et il était difficile de la reconnaître sous toute cette couche d'habits. Mais l'aubergiste pouvait savoir que c'était elle juste par sa démarche, lente, bossue, traînante, et par le bâton peu commun qu'elle utilisait pour s'aider à marcher.

- La ferme. Y'a rien à se mettre sous la dent, dans votre région de mort. Donne à Petrushka un repas chaud et ta couchette la moins chère. Et plus vite que ça, nigaud !

Sans doute un autre homme aurait mit la vieille dame malpoli à la porte, mais celui-ci s'en amusa juste tout en lui balançant une chope de bière d'un bout du comptoir à l'autre. Oh, oui, le propriétaire connaissait bien cette femme et vous allez bientôt savoir pourquoi malgré son comportement inhabituel, il se laissait traiter de la sorte sans en faire tout un plat. La grand-mère réceptionna la chope en sortant un bras et une main squelettique du gros habit de fourrure qui recouvrait tout son corps. Pardonnez-moi, je ne vous ai même pas fait une description de ce qu'elle avait sur le dos. Vous ne voudriez pas manquer une petite description de cette haute couture, tout de même ! Puisqu'il ne faisait pas si chaud, et même plutôt l'inverse par ici, elle avait enfilée une énorme peau rapiécée la recouvrant de la tête au pied. Bien sûr, elle n'avait pas dépecé un animal de son gabarit. Elle avait cousu plusieurs fourrures entre elles pour donner ce résultat macabre de toutes les nuances de gris et de bruns. Si on regardait de plus prêt son ouvrage, on pouvait presque y reconnaître un lièvre criant d'agonie sur le dos de mamie. En tout cas, il lui tenait chaud, et c'est ce qui l'importait.
Elle apporta la boisson à ses lèvres fines et tremblantes.

- C'est de la pisse, ton breuvage. Et Petrushka ne te l'avais pas demandé, donc tu ne le met pas sur sa note. Au fourneaux maintenant, baudet !

L'aubergiste se mit à rire comme s'il attendait cette distraction pour le sortir de son ennui mortel. Elle avait sans doute animé sa journée, et il ignorait encore combien cette nuit serait agitée. Il s'en alla donc à sa marmite pour préparer une soupe chaude pour sa cliente malodorante, tandis que la serveuse passait à nouveau derrière elle sur la pointe des pieds, comme pour ne pas la déranger. La vieille cracha dans son verre et but sa grosse glaire mélangée à sa bière, en n'oubliant pas de la mâcher comme un chewing-gum avant de la déglutir. Elle parla un moment avec elle-même, dans un langage incompréhensible, et se répondit avant de se dire d'une voix enrouée :

- Petrushka, les corniauds te regardent.

Elle se retourna vers les clients qui étaient attablés bien avant son arrivé, puis les fixa de ses yeux presque blancs en grognant contre eux.

- Vous voulez peindre le portrait de cette jolie Petrushka, bande de canailles ?

Elle essuya le mélange de bave et de bière qui était resté collé dans sa barbe naissante tout en fixant les clients, un par un.


Credit image : あけの , Markus Neidel ,


Dernière édition par Petrushka le Jeu 26 Mar - 22:13, édité 1 fois

[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse

Ecrit le Mar 25 Fév - 13:08
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« A force de voleter sans but précis[...] » ft Petrushka







22ème jour de la Lune du Renard Camouflé en l’an 1049 | Uxy, frontière entre la région de Snowllia et celle de Ama, auberge Printemps

Ahh… Sôh-Mon avait bien dû parcourir… une bonne… Hum… dizaine de kilomètres ? Peut-être… Ou peut-être pas. Il savait d’où est-ce qu’il venait, mais il était incapable d’estimer les distances. Ce qui devait sans doute aggraver son problème d’orientation.  Et d’où venait-il ?... Ça il était capable de le dire. Il avait traversé la frontière entre Snowllia et Ama. Et avant cela du célèbre village d’Ofeil pour pouvoir explorer, voyager, apprendre des Kitsune et s’imprégner des enseignements reçus. Il y a quelques lunes, il avait dû quitter son précieux village, et surtout… Le temple pour lequel il avait donné tout ce qu’il pouvait… À partir du moment où sa jeune sœur Eanhos avait été déposée au Sanctuaire de Kila, sa vie n’avait été que prières pour la Déesse, piété, charité… Rien de tout ça n’était regrettable à ses yeux, mais il s’agissait du passé. Loin de lui tourner le dos, il désirait maintenant se tourner vers Soma, et partager son amour entre ces Dieux créateurs.

Après l’avoir mené dans le froid des neiges éternelles de Snowllia, son pèlerinage l’avait emmené vers des températures moins… Négatives. En passant sans doute par Treva, Sôh-Mon allait revenir à Nirally. Il avait entendu des rumeurs inquiétantes à propos d’une organisation… Des étrangers intrigants et des portails qui ne venaient ni de Kila, ni de Soma. Il ne faisait pas parti des Gardiens de Uxy, mais ça ne l’empêchait absolument pas de vouloir protéger son pays, et Nael également. Car, si les hommes s’arrêtaient aux frontières, ce n’était ni le cas des animaux, ni des maux.

Le soleil venait à peine de laisser la place à la fraîcheur de la nuit, et heureusement pour le petit prêtre itinérant de Kila et Soma, une auberge c’était déposée sur son chemin. Quel chanceux ! S’il l’avait cherché, il ne l’aurait jamais trouvé ! évidemment, persuadé qu’il s’agissait d’un bienfait offert par ses Dieux, il leur dédia une prière en s’agenouillant sur l’herbe légèrement mouillée, humidifiant ainsi son sarouel blanc au niveau de ses genoux.

« Je vous remercie infiniment Kila, Soma… »

Le manteau trônant gracieusement sur ses épaules frêles et sa capuche fourrée, avaient été offert par une marchande à Treva. Il lui avait été d’une fière chandelle ! Sans lui, le froid de Snowllia lui aurait été fatal, sans aucun doute. En se relevant, il prit le temps de regarder à travers les carreaux de l’auberge. L’atmosphère y avait l’air chaleureuse en tout point ! Une personne se trouvait non loin du comptoir… Et sans doute d’autres clients attablés !

« Ahh… Et je suis sûr qu’à l’allée je suis aussi passé par ici ! Très bien… Est-ce qu’il me reste assez… »

En jetant un coup d’œil à sa bourse, il remarqua qu’il ne pourrait pas se prendre plus qu’un petit bout de pain s’il souhaitait dormir au sec pour ce soir. Dans la neige, il y avait des stratagèmes pour ne pas mourir de froid, surtout qu’il avait sympathisé avec plusieurs créatures originaires des Montagnes… Mais maintenant il était seul et mouillé. Après avoir encore un peu observé, il frissonna, regarda ses chaussures imbibées, renifla, puis se décida à franchir la porte de son futur havre de paix.

… Et une chaleur presque étouffante l’envahit, se faufila sous ses vêtements, enlaçant tendrement son corps. Il la sentait même embrasser ses joues auparavant mordues par le froid… Mais son apaisement ne fut que de courte durée. Déjà, alors que son œil droit s’habituait à la nouvelle luminosité, tandis que son œil gauche restait dans la pénombre, son odorat fut submergé…

...Envahit… Brutalisé ! Qu’est-ce qui pouvait sentir AUSSI mauvais ?! Y avait-il un cadavre en décomposition en ces lieux ? C’est ce qui traversa son jeune esprit. Il pensa à un malheureux, ou une malheureuse qui avait succombé. Pas à un animal, car si lui était végétarien, il se doutait qu’un animal mort dans une auberge ne ferait pas long feu loin de la marmite. Mais… Pourquoi garder un cadavre à l’intérieur ?... Ah… Et peut-être qu’il s’agissait d’un proche à l’aubergiste ? Et qu’il attendait quelqu’un pour pouvoir s’occuper du repos du défunt.
La main sur son visage pour tenter de filtrer les odeurs parvenant à son nez, Sôh-Mon pensa davantage au chagrin des proches du défunt, et au fait qu’en tant que prêtre de Kila et Soma, il pouvait tout à fait s’occuper de la cérémonie pour le bien-être de l’âme du malheureux. Il allait essayer de proposer ses services sans froisser les sentiments de quiconque. C’est aussi pour cette raison qu’il découvrit son nez, au prix de beaucoup d’effort. L’odeur était quasi insoutenable, mais c’était la nature. La mort faisait parti de la vie, et qui était-il, lui, pour prétendre que sa vie valait plus que la mort d’un autre ?

Bien loin de se douter qu’il s’était fait des ribambelles de scénarios tous plus faux les uns que les autres, il s’approcha du comptoir tout en observant tout autour de lui et en retirant sa capuche pour dévoiler son visage androgyne et sa longue chevelure, souriant malgré son envie de grimacer face à l’odeur. Lui-même ne s’était pas lavé depuis les sources chaudes de Ofeil, le jour de son départ. Mais une arrière odeur de savon mêlée à celle de la sueur persistait sur son corps.

« Bonj-… Bonsoir ! … »

Pour ne pas incommoder la personne au comptoir qui semblait converser avec les clients attablés, il prit un peu de distance, en attendant que la jeune serveuse ne s’approche.
étrange… L’odeur semblait fortement de se dégager de… De… Par Kila et Soma !... Il avait soudainement l’estomac au bord des lèvres. Lorsque la serveuse s’était approchée de lui, un léger courant d’air s’était produit, emmenant… Une odeur de mort. Une odeur… indescriptible, mais très certainement nauséabonde.
Il détestait juger, cette personne avait sans doute quelques soucis bien embêtants, et ça ne le regardait en rien ! Mais… Il avait énormément de mal à ne pas rentrer en apnée, lui qui avait acquis cette compétence à force de s’immerger dans l’eau.
Malgré son impolitesse qu’il avait développé tout récemment pour ne plus ressembler au petit prêtre de Tharas, il choisit de rester polis. Cette… Personne, homme ou femme était comme elle était. En regardant la jeune fille qui semblait bien mal à l’aise, Sôh-Mon lui fit un sourire intimidé et détourna le regard, le rouge aux joues. Il avait toujours un peu de mal avec les femmes, même s’il en avait vu énormément depuis le départ de son temple.

Il commanda discrètement un bout de pain, et une chambre tout en croisant le regard de l’aubergiste affairé sans doute à la cuisine. En réalité, le prêtre pourrait tout aussi bien dormir à même le sol avec son manteau pour seul matelas, mais une chambre ne serait pas de refus non plus.

« Très bien jeune homme ! Je vais vous chercher ça tout de suite !
-Merci !»


Soucieux de pouvoir respirer un tantinet correctement, il acquiesça sans prendre aucune inspiration, puis alla prendre place non loin de ceux déjà attablés en posant précieusement son sac à ses pieds, et sa lance entre le dossier de sa chaise et le mur. Finalement, l’air était beaucoup plus respirable à cette distance. Dire qu’en rentrant il avait été choqué… Ce n’était rien en réalité, d’être à côté de l’épicentre de l’odeur. Heureusement qu’il n’avait pas questionné l’aubergiste sur… Les senteurs de son auberge. Un peu curieux, il était prêt à engager la conversation, mais tout le monde semblait déjà plongé dans une première conversation… Peut-être pourra-t-il s’y mêler ? Souriant depuis le début, il observa un peu tout le monde, sa tresse enroulée autour de son cou en guise d’écharpe, et sa broche sur son front, juste au-dessus de son tatouage rouge.



Halloween
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[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse

Ecrit le Mar 25 Fév - 23:24
Petrushka
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Un peu avant que la vieille peau n'agresse, euh, pardon, n'engage la conversation le plus poliment qu'il soit avec ces quelques clients, un jeune prêtre était entré dans l'auberge. Il l'ignorait, mais il allait passer une nuit des plus agités mais, en tant que narrateur sournois, je ne peux que garder encore un peu le suspens sur tout ce qui allait se passer. Sachez que sa nuit allait être à la hauteur de sa partenaire de chambre : horrifique, bruyante, étouffante, puante. Espérons pour ce pauvre voyageur itinérant qu'il avait bien dormi les nuits précédentes. Enfin, ce ne sont pas vraiment nos affaires du moment, donc gardons cela pour plus tard et revenons à la scène présente.
Le prêtre s'était avancé pour demander une chambre et un peu de nourriture pendant que notre mamie préférée était en train de faire une leçon de moral aux clients déjà présents que je vous résume en quelques mots simples « Occupez-vous de vos oignons ». Bien sûr, elle n'avait pas manqué de remarquer le nouveau venu, il faut dire que ses habits se démarquaient dans le décor tout autant que ses longs cheveux colorés tressés. Bizarrement, plus l'octogénaire perdait la boule et l'odorat, et plus son acuité visuelle se développait. Bon en faite, je crois qu'elle avait développée cette aptitude de percevoir le moindre détails depuis qu'elle avait prit en chasse son père, alors qu'elle n'était qu'une jeune femme qui ne vivait que pour se venger. Il faut croire que cet enfoiré de barbu a eu son utilité : développer les sens de la vieille chouette et lui apprendre à survivre seule. C'est pourquoi alors que le maître de maison revint prêt d'elle avec un bouillon bien chaud, elle remarqua que la serveuse ne servit qu'un croûton de pain au dernier client qui était entrée. Un pauvre bout de pain. Même Petrushka semblait plus appétissante que ça ! Haha, je plaisante bien sûr, je voulais juste souligner à quel point ce repas était maigre pour un homme de son âge qui, d'après les pensées de la puante, devait être en pleine croissance. Elle sentie un pincement au cœur : il lui rappelait la guerre, les pauvres dans les rues, et même la misère actuelle qu'elle voyait dans certaines partie du pays et même à Khor. Même si les plus forts étaient tombés, il faut croire que d'autres nobles assoiffés de pouvoir avait prit le relais et les inégalités sociales étaient toujours présentes dans ce pays. Aaah, ça valait le coup de se battre pendant un demi-siècle. Il était beau, le pays construit sur les cadavres de tout ces soldats morts pour un monde meilleur. Petrushka trempa ses lèvres presque inexistantes dans sa soupe chaude qui contenaient quelques légumes variés.

- Y'a pas de viande, dans ta popote.

Évidemment, il n'y en avait pas. C'était une petite auberge qui ne faisait actuellement que peu de chiffres d'affaire en cette période, assez pour survivre, trop peu pour commander les meilleurs mets du continent. Et cet homme n'était pas assez bon chasseur pour ramener lui-même du gibier à mettre dans sa marmite. Heureusement, Petrushka avait toujours un os sous la main. Littéralement. Elle fouilla dans son sac à dos et en sorti un du fin fond de sa besace, comme si cela était tout à fait naturel. Il restait encore un peu de chair fraîche autour bien qu'on pouvait constaté qu'il avait été grignotée par ci par là. Elle n'était pas d'une première fraîcheur -sous-entendu la viande, mais vous pouvez appliquer ça à celle qui tenait l'os également-, et on pouvait se demander depuis combien de temps ce pilon traînait là-dedans. Cela ne sembla pas déranger la vieille femme qui trempa sa viande-ce qu'il en restait- dans sa soupe et la décortiqua avec ses doigts sales aux ongles longs, noirs, avant de les mettre dans sa bouche goulûment les morceaux arrachés à la couleur étrange. Oh, évidemment, vous vous doutez bien qu'une femme d'une telle qualité ne s'embêtait pas avec des couverts, elle mangeait avec ses mains. Sans doute que la crasse donnait un petit arrière goût aux mets qu'elle seule pouvait apprécier.

- Donnes un peu de ta pitance au gamin. Il est maigre comme un clou et pâle comme un cul de chèvre.

Elle désigna d'un coup de tête le client aux cheveux bleus et son pitoyable bout de pain alors que de la soupe coulait le long de son menton velu. Le cadavre vivant enfoui sa main dans son habit de fourrure vers ce qui semblait être sa poitrine tombante et en sorti une bourse qu'elle avait elle-même fabriqué en boyaux d'animaux retenu par une ficelle autour de son cou. Qu'est-ce que sa bourse faisait là ? Elle trouvait l'endroit plus sécurisant que son sac, évidemment même le voleur le plus habile ne se risquerait pas à mettre sa main dans cet endroit. Elle l'ouvrit, calcula, puis glissa quelques pièces durement vol... euh, gagnées grâce à une incroyable prestation envers des nobles trèèès sympathiques. Le compte y était : sa chambre, son repas, le bol de l'autre client, et même sa bière qu'elle avait dit ne pas payer. Il y avait un petit supplément : la vérité est que la vieille folle ne voulait pas voir cette auberge tomber en ruine, elle connaissait bien le père de l'aubergiste avant qu'il ne décède, et elle avait connu ce même gaillard devant elle alors qu'il marchait à quatre pattes. Mais évidemment, elle se garda bien de dévoiler cet élan de générosité et l'aubergiste accepta sans poser de questions, sachant que la vieille était certes folle, sénile et crade, mais qu'elle avait un bon fond malgré tout.
Petrushka s'assura que la serveuse aille bien déposer le bouillon de légumes à la table du jeunot. Elle continua de boire sa propre substance en remuant le tout avec l'os qu'elle tenait de ses doigts fins et tremblant, puis lécha le pilon dégarnit en long, large et travers. Il était délicieux, d'après La Souillon. Moi-même j'ai quelque convulsion en décrivant cette horrible scène. Même le fond de soupe ne ressemblait plus à rien maintenant. Etait-ce le pilon avarié ou les dessous d'ongles de la momie qui ne se lavait pas qui avait coloré le repas de cette couleur indescriptible ? Et il me semble que seuls les légumes découpés flottait sur l'eau de la préparation, donc qu'est-ce que c'était que ces formes sombres qui nageaient actuellement dans le fond de la concoction ? Quelle horreur, euh, je veux dire, miam.

Une fois fini de boire sa mixture, La Souillon se leva à la grande surprise de la jeune serveuse qui semblait être terrifiée par ses moindres fait et gestes. Petrushka s'en fichait bien d'elle, elle passa à côté de cette greluche pour voir le voyageur pâlot. Elle voulait s'assurer qu'il reprenne du poil de la bête, ce petit fluet. Elle marcha jusqu'à sa table, doucement, sa peau de bête toujours sur le dos et sa canne en bois tapant au rythme de ses pas. Tac. Tac. Tac. Elle glissa une main sur la table et approcha sa tête de la pauvre vic... de ce jeune homme ! Petrushka s'adressa à lui alors qu'une haleine putride s’échappait en même temps de sa bouche, comme si même l'air qui était passé dans ce corps cherchait un moyen de le fuir à tout prix.

- Par Sôma Le Tout Puissant, qu'est-ce qu'un gringalet pareil fait ici ? Oh, Petrushka ne veut pas le savoir alors garde toi bien de me le dire. Tu fais peur à voir, tu ne voudrais pas faire fuir les clients hein.

Hm, soyons d'accord. La seule qui ferait fuir les clients, ici, c'était elle tant bien par son odeur, par ses bizarreries que par son caractère. Mais on se retiendra bien de lui dire n'est-ce pas ? Il ne faut pas offenser la sorcière, et il ne faut pas manquer de respect à nos aînés...
La dingue avait laissé son bol vide sur le comptoir afin qu'on lui débarrasse, mais elle n'avait pas oublié de reprendre son pilon qui avait été rongé, déchiqueté si bien qu'il ne restait plus que l'os. Je ne me rappelle plus de quel animal était issu cet os de cuisse vu le temps qu'il a reposé dans le sac de la grand-mère, mais l'animal avait un bon gabarit au vu de ce qu'il en restait. Pourtant, la mamie voulait à nouveau le mettre dans son sac pour une utilisation future. Alors qu'elle s'assit à la place en face du jeune homme aux cheveux tressés, elle fut prit d'un élan de générosité. Pourquoi ne pas partager, quand cela est bon ? Et puis, cet os assaisonnerait le bouillon qui était bien fade. Alors, sans plus attendre, elle ajouta l'os rongé dans le mélange de légumes et commença à touiller la soupe avec ses doigts déformés.

- Ce tavernier ne sait pas que sa popote n'a pas de goût, mais Petrushka connaît le secret pour remédier à cela. Laisses un peu tremper, ça va donner du goût. Mange donc ça, plus vite que ça.

Bon appétit, surtout.


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[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse

Ecrit le Ven 28 Fév - 15:13
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« A force de voleter sans but précis[...] » ft Petrushka







Toujours souriant et curieux, Sôh-Mon écoutait attentivement les conversations et apprit plusieurs choses. D’une, la personne malodorante semblait avoir un caractère… Haut en couleur. Elle rabrouait sèchement les clients attablés, sans qu’aucun n’ose lui répondre -ou ne le puisse, entre deux tentatives d’apnées-. Et cette personne se trouvait être une femme. C’était de cette manière là que le tavernier s’adressait à elle en tous cas. Ils semblaient d’ailleurs se connaître… ? L’estomac dans les talons, il se fit une joie de déguster son bout de pain dur, qu’il ramollit discrètement avec son tome d’eau, entrouvert sur ses genoux. La scène était très discrète et presque imperceptible pour ceux qui ne faisaient pas attention. Sans savoir ce qui allait lui tomber dessus, il croqua dans sa pitance, (et retira sa capuche) tout en continuant d’observer.
En entendant l’inconnue s’adresser au tavernier au sujet d’un gamin, il releva naturellement les yeux. Avant de se rendre compte qu’il s’agissait de lui ! Il s’en étouffa à moitié avec les quelques miettes qui grattaient toujours un peu sa gorge.

« Que ! Mais je n’ai pas… »

Argh ! Il était un peu trop confiant, et avait oublié de réguler sa respiration en fonction de l’odeur. Il ne fallait pas inspirer trop fort, peu importe la situation !
Et il n’avait pas les moyens de se payer une soupe, comme la plupart du temps. En général, il cueillait des baies en temps de récoltes, pêchait des algues… Tout ce qui était comestibles et végétal passait par son estomac. Mais là, il avait eu un peu plus de difficulté à trouver, vers la fin de son voyage lorsqu’il avait quitté Ofeil.
Alors même s’il sentait quelques crampes d’estomac douloureuses, il était loin d’être à l’article de la mort ! Et puis… Même si cette vieille femme sentait plus mauvais qu’un cadavre, et il en avait senti quelques-uns, elle semblait tout de même assez gentille pour offrir son argent à un inconnu, pour qu’il puisse manger à sa faim. Ce fait toucha énormément Sôh-Mon.

Il en était ému, et ça lui rappela les valeurs que son père avait voulu lui inculquer. Peu importe l’odeur, ou les… Manières terriblement peu ragoutante de la grand-mère, elle était bonne… Meilleure encore que lui, il avait beaucoup à apprendre…
Stupidement touché, le prêtre observa timidement la vieille inconnue, et au bout de quelques secondes, senti tous ses sentiments précédents s’envoler. Oh, pas très loin. Lorsqu’il se sentait ému et redevable, ces sentiments persistaient indéfiniment. Mais… Le choc… la surprise, et le dégoût le coupèrent quelques peu … dans son élan.

« Merci madame… »

Même si c’était compliqué à définir, son regard d’un bleu différent à cause de la mauvaise vue de l’un de ses yeux, se troubla très légèrement. Par l’émotion et le sentiment de gratitude, et pas par dégoût. Il inclina son visage pour intensifier ses remerciements, et en fit presque autant avec la jeune fille qui lui apporta son repas. Il rangea son tome dans son sac, toujours à ses pieds, et commença son repas. Il oubliait un peu ses manières actuelles, et redevenait à moitié le petit prêtre qu’il était, docile envers les préceptes de Kila, et croyant profondément que tout ce qui l’entourait était le reflet de l’amour de la Déesse. Il avait d’ailleurs entendu la mamie jurer par le nom de Soma. Etrange en raison du lieu où ils se trouvaient. Une auberge entre Ama et snowllia, deux régions au sein du Royaume de Uxy. Mais peut-être qu’avec les projets de paix avec Nael… Peut-être venait-elle de bien plus loin.

Assit, le dos droit, il mélangea le reste de son crouton de pain dans la mixture et savoura le doux potage. Il était chaud, bien assez pour rallumer chaque partie de son corps. Il lui semblait ne plus sentir le froid, à tel point qu’il pourrait même en retirer son manteau. Presque, mais il ne fallait pas qu’il attrape froid, alors il resta couvert. Il avait arrêté de dévisager les clients présents pour se concentrer sur son repas. Ça aussi il ne le savait pas encore, mais son repas, qui ressemblait d’abord à une bénédiction, n’avait clairement pas été assez savouré.
Le bruit de canne foulant le vieux parquet grinçant ne l’interpella pas outre mesure, sa soupe encore chaude demeurant bien plus intéressante à ses yeux.




Non…


Ce qui l’arracha à sa dégustation, toujours teintée en fond par l’odeur atroce de la mamie généreuse, ce fut justement cette odeur ! Âcre, puissante et insidieuse… Elle s’imposait mine de rien dans tout l’air environnant, chassant oxygène et autre petites choses vitales pour Sôh-Mon. Mais le pire, peut-être… Quoique, cette dame semblait débordante de surprises, bonnes et mauvaises… Ce qui sembla être le pire pour le jeune prêtre, fut l’haleine de son interlocutrice. Il n’en avait jamais senti d’aussi… Indescriptiblement… Pestilentielle. Jamais. Et pourtant, lorsqu’il avait 12 ans, il a assisté son père qui soignait un malade atteint d’une maladie au foie, provoquant mauvaise haleine entre autres, en ce qui concernait les symptômes les plus vivables. Cette odeur l’assomma, et les premiers mots lui échappèrent. De plus, visiblement beaucoup trop curieux par rapport à son instinct de survie, il avait évidemment regardé Petrushka dans les yeux, tout en inspirant… Beaucoup trop. C’était déjà très peu. Mais vraiment… Il avait beaucoup trop respiré.

« Ah ! Hum… D’accord… Merci encore pour la soupe Madame… Je n’ai pas… »

Il inspira le minimum d’air requis pour sa prochaine phrase, conscient qu’une erreur de dosage lui serait fatal, et signifierait la régurgitation immédiate de sa si bonne soupe.

« Les moyens de vous rembourser… Mais lorsque je le pourrais… J’aimerai pouvoir vous rendre votre geste. »

Quelle souffrance… Sôh-Mon était partagé, coupé en deux. D’un côté, il y avait l’homme profondément touché par ce geste de bonté, venant d’une inconnue de surcroît. L’homme qui aimait chaque forme de vie sur Uxynael et pardonnait -ou le tentait tout du moins- de pardonner tous les vices. Et d’un autre… Il y avait l’être vivant, qui tout naturellement, cherchera la meilleure condition de vie, et ici, de restauration. Un être vivant qui se trouve acculé entre un mur, et une atroce odeur, sans cesse réalimentée. Il était reconnaissant envers la vieille femme et, naïf comme il était, ça lui suffisait à déjà éprouver un peu d’affection… Mais le dégoût… Il avait du mal à s’y faire. Vraiment… Beaucoup, beaucoup de mal.

… En regardant, sidéré, la mamie mettre un objet tristement identifiable dans sa -auparavant- délicieuse soupe… Il se dit qu’il allait VRAIMENT avoir du mal à s’y faire. Son bouillon naturellement végétarien, car il n’aurait jamais eu de quoi se payer un bouillon avec de la viande, était devenue une soupe de carnivore. Il n’y avait pas là de gros steaks saignants, mais… C’était largement suffisant pour générer de nouveaux hauts le cœur au jeune prêtre. Il ne savait plus si c’était l’haleine, l’odeur de cadavre en décomposition émanant de la mamie, ou la viande, véritablement en stade de décomposition jetée dans son bouillon, qui lui retournait le plus l’estomac. Oh, sans oublier de l’outil qui touillait son repas. Des ongles. Longs. Pas très propres. Voire même… Pas propre du tout. Voire…

… Non, il fallait rester poli, cette gentille mamie -un peu virulente, mais quand même très généreuse- ne pensait qu’à l’aider. Il ne pouvait pas partir en courant et vomir le peu qu’il avait mangé dehors. Non. Non non non non non non…

Qu’est-ce que c’était difficile. Il semblait toujours être à deux doigts de l’évanouissement. L’horreur de la scène ?... Ou peut-être qu’il ne respirait plus assez pour alimenter son cerveau. Il était doué en apnée, mais là il ne respirait quasiment presque plus, tout en faisant en sorte que ce soit visible le moins possible ! Il ne faisait pas trop attention à ça en général, mais il là, il ne voulait pas froisser une personne aussi gentille.

Au fond de lui, malgré la difficulté de la situation, il était quand même un peu heureux. Il avait quitté son foyer, il y a de cela plusieurs lunes, loin de son père, de sa sœur, de ses amis et de son village, suite à un tragique... Accident… Et malgré toutes les belles rencontres qu’il avait faites, celle-ci avait quelque chose en plus. Sans doute se rêvait-il petit-fils, goûtant un bon repas auprès de sa mamie gâteaux… Oh oui, il rêvait.

La serveuse regardait de loin, désolée pour le jeune prêtre sans cependant intervenir. Si la mamie était avec lui, elle ne traînait plus sur son comptoir ! Elle pouvait l’astiquer et respirer de manière un peu plus convenable, désolée gamin.

« M-merci… »

Sôh-Mon regarda la vieille femme, puis sa soupe aux couleurs plus proche de la boue et du charbon. Il recracha silencieusement tout oxygène de ses poumons, attrapa adroitement son bol, et l’os pour éviter tout contact entre son visage et lui, et entreprit de boire le reste de potage, aussi vite que possible, sans prêter attention au goût.





Pitié.

Il ne voulait PAS y prêter attention !! Obligé de faire une pause, le goût assassin qui resta le long de sa gorge lui provoqua tout naturellement trois brusques haut le cœur qu’il contint un maximum. Pas assez pour être invisible au regard perçant de la vieille femme… Mais bien assez pour que Sôh-Mon lui-même croie avoir réussi son tour de passe-passe. Il aurait clairement préféré manger du poison. Ou même de la lave !

Ce goût… Ou plutôt, tous ces goûts… Il n’avait qu’un mot pour ça : immonde. Mais… D’un coup d’œil, il pouvait voir le visage de… De cette si gentille vieille femme. Elle faisait peur à voir, c'est sûr, mais à cet instant -sans doute anesthésié par la nourriture- il ne voyait que de la gentillesse.
Argh… Il ressentait déjà une brûlure d’estomac, montrant que même son organisme dépréciait fortement la mixture.
Le bol démoniaque vidé, les larmes au bord des yeux, il regardait pourtant la vieille femme avec un regard empli de reconnaissance. Il ne commenta pas ce qu’il venait de boire, il ne savait pas mentir, et le peu de force qu’il lui restait, il aimerait les garder pour se hisser jusqu’à sa chambre, après l’avoir payée, pour dormir et accessoirement vomir son repas dans son pot de chambre. Ou dehors. Peu importe. Il ne pourrait pas survivre avec ça dans son estomac.

« Merci encore ! Vous vous appelez Petrushka ? Je… Moi c’est Sôh-Mon ! »

Malgré une vague grimace à cause de l’odeur insistante qui emplissait dangereusement ses poumons, il lui sourit sincèrement et se releva doucement. La tête lui tournait, il lui fallait de l’air… De l’air qui ne serait pas saturé…

... De l'air...



Halloween
[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse NjTbuOE[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse 8Y1xuul


Dernière édition par Sôh-Mon Dod'Ousse le Ven 6 Mar - 2:47, édité 1 fois

[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse

Ecrit le Mer 4 Mar - 15:05
Petrushka
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Mamie regarda fixement l'individu en face d'elle pendant qu'il dégustait sa somptueuse mixture. Elle détailla chaque trait de son visage, constata qu'un de ses yeux était plus clair que l'autre, puis elle jeta un coup d'oeil à ses cheveux bien étranges et ses habits. Cette façon de nouer ses cheveux en tresses, cela lui rappela Sehun, l'un des pirates de l'équipage qui avait également de longs cheveux et une coiffure similaire. Cela faisait un moment qu'elle ne l'avait pas croisé sur le bateau, d'ailleurs, ce petit bonhomme. Peut-être était-ce parce que l'inconnu attablé ici lui semblait si familier de par ces cheveux qu'elle se sentait obligée d'être aussi bonne envers lui. Non, vraiment, tout le monde n'avait pas l'honneur de goûter à une soupe assaisonné ainsi. Quand le jeune homme reposa son bol, vide, et qui avait été bu si rapidement ; elle avait cette fois la certitude que son mélange y était pour quelque chose. Il avait du trouver ça tellement exquis qu'il n'en avait pas laissé une goutte ! Oh, si. Une coulait, là, le long de l'os. La vieille folle avait connu la guerre et la famine, elle ne pouvait pas laisser de restes dans l'assiette. Elle avança donc une main blanche et squelettique en direction du repas presque-terminé et prit l'os entre ses doigts presque transparents où l'on pouvait voir chacune de ses veines bleues se dessiner, puis avança celui-ci vers sa bouche et commença à le lécher de toutes part, verticalement, goulûment, bruyamment. Une fois son pilon parfaitement... « propre », elle le remit dans son bagage en se disant que celui-ci pourrait toujours servir comme broyeur de baies. Il ne fallait pas négliger ce que la nature nous offrait. Elle s'attaqua ensuite au bol du voyageur, et passa sa langue baveuse sur toute la surface de celui-ci tout en laissant son haleine pestilentielle se répandre autour d'elle alors qu'elle avait la bouche grande ouverte pour laisser se déverser à l'intérieur les dernières gouttes du repas qui ne lui était pas destinée mais qu'elle avait toutefois payé.

Cette soupe était vraiment délicieuse depuis qu'elle y avait ajouté sa petite touche personnelle. Peut-être devrait-elle ouvrir une taverne à Khor, engager quelques sans le sous pour faire le service pendant qu'elle préparerait les meilleurs breuvages de sa composition personnelle. Elle créerai de l'emploi dans la ville, et peut-être qu'elle pourrait dépouiller quelques nobles qui s'arrêteraient là pour goûter à ses divines boissons, ils seraient si envoûtés qu'ils n'y verraient que du feu. Ah, mémé ne pouvait pas s'empêcher de rêver de sa vie de tenancière de bar, mais elle savait que dans le fond, elle n'était bien que sur l'océan.

La victime, euh pardon, le voyageur commença à décliner son identité et à ouvrir la conversation. Étrange, habituellement, personne ne se souciait vraiment de la dingue à part sa famille pirates et quelques connaissances dans le pays. D'ailleurs, les gens se montraient pour la plupart bien malpoli envers la dame sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Pour elle, c'était une nouvelle génération de petits gâtés qui méritaient une bonne correction de la part de leur parents. Cependant, ce nigaud-là n'hésita pas à montrer de la reconnaissance et de la sympathie pour la grand-mère. Ah, attendez ? Il s'appelait Sôh-mon ? Bon, je ne devrais pas juger en temps que narrateur, mais la vieille momie ne se fit pas prier pour dire ce qu'elle en pensait.

- « Saumon » ? Comme le poisson ? Tes parents avaient le sens de l'humour, pour sûr, mais regarde-toi un peu. Le ventre d'un saumon est bien rosé, tandis que tu es blanc comme une chèvre malade. Et puis un saumon, c'est majestueux : ils sautent haut, ils nagent bien. Tu es tout chétif pour ne pas dire maigre comme un clou, tu tiens à peine sur tes jambes et tu as l'air prêt à t'envoler à la moindre rafale. Tu aurais dû t'appeler « Plancton ». C'est comme ça que Petrushka te renommera jusqu'à ce que tu sois un peu mieux sur tes jambes, le gringalet.

Et bien, au moins, elle ne s'était pas vraiment moqué de son nom comme j'aurais pu le faire. A la place, elle avait préféré déblatérer sur ce pauvre monsieur qui s'était simplement présentée mais sachez le, elle n'avait pas dit ça pour le vexer. C'était sa façon de s'exprimer qui était bien souvent incomprise, beaucoup s'énervait sur elle parce qu'elle avait tendance à toujours dire ce qu'elle pensait sans penser aux conséquences ou à si cela pouvait blesser son interlocuteur. Honnêtement, elle s'en fichait bien.

- Ouais, Petrushka s'appelle bien Petrushka, mais elle préfère qu'on la surnomme « La Souillon ». C'est un peu le nom de Petrushka, il lui a été donné par un vieux balafré qui a survécu à la guerre céleste. Pourtant, il n'était pas si débrouillard que ça, tu peux croire Petrushka.

Parler de son ancien capitaine mit un sourire fugace sur les lèvres du cadavre vivant, comme si elle avait retrouvé un peu de vie en se remémorant ses vieux souvenirs. En effet, c'était ce même homme qui l'avait recueillit sur son bateau alors qu'elle vivait dans la misère. Pour elle, le nom de « Souillon » n'avait jamais été péjoratif, puisqu'il était la preuve de sa renaissance en temps que pirate, sans loi, dont sa seule vraie patrie était l'océan et ses écumes, sa famille la piraterie, ses amis les habitants de Khor, bien que la plupart lui soit très hostiles vous pouvez me croire. Les yeux globuleux de la vieille folle se perdirent un instant dans son propre passé, comme si celui-ci se rejouait devant ses yeux. Sa rencontre avec Peter avait probablement changé sa vie.

- Paix à son âme.

Elle avait prononcé ses mots sans vraiment s'en rendre compte, un sourire toujours sur les lèvres qui s'effaça aussi vite qu'il était apparut tandis qu'elle revint dans le présent. Et bien, malgré son âge avancé, elle n'avait pas encore perdu ses souvenirs de cette époque et elle en était satisfaite.
Elle jeta un regard au travers de la fenêtre pour essayer de définir l'heure qu'il était. Elle se sentait de plus en plus fatiguée et elle savait que son voyage ne faisait que commencer. Elle devait se rendre dès le lendemain dans la région des Kitsune afin de se procurer « la boisson des dieux » pour satisfaire son cher capitaine, le grand Woon Kuraken. Ah, elle se demande quelle serait sa récompense après avoir mit la main sur une boisson si demandée. Peut-être que son capitaine la nommerait comme son second, et que ce petit garnement de Sehun serait évincé de son poste de privilégié. Quel bonheur !
Dans ses rêveries, elle n'avait pas entendu le propriétaire de l'établissement se diriger vers eux pour leur remettre une clé.

- Je viens d'aller la vérifier, tout est en ordre. Chambre la moins chère, avec trois lits. Vous avez demandé la même formule. Et bien alors, La Souillon ? Tu sympathise déjà avec ton colocataire de nuit ?

Le propriétaire du Printemps lança un petit clin d'oeil de défi au voyageur qui était assit en face de Petrushka alors qu'il débarrassait le bol de la table, en faisant bien attention à ne pas toucher l'intérieur qui avait été soigneusement reléché quelques instants auparavant.
Ah, un peu de compagnie pour la nuit. Cela ne dérangeait pas la momie qui, même si elle ne le montrait pas, appréciait plutôt bien ce Plancton.

[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse

Ecrit le Ven 6 Mar - 2:47
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« A force de voleter sans but précis[...] » ft Petrushka







Se lever avait sans doute été la meilleure idée que Sôh-Mon avait eu depuis qu’il avait franchit la porte d’entrée du Printemps. Il avait ainsi pu mettre un peu de distance entre ses narines fragilisées, ses poumons éprouvés, son estomac contaminé, et l’haleine épouvantable de la vieille dame. Ses oreilles n’étaient pas encore assez loin pour totalement ignorer les nombreux sons révulsant qui lui parvenait, mais ce n’était pas si grave. Il fallait juste… Ne pas regarder. Vraiment, il s’auto-félicita en boucle avant qu’un haut le cœur ne le reprenne.

… Argh.


Sans avoir à poser son regard sur la scène qu’il imaginait insupportable, des images de ce qu’il avait vu semblaient imprimée sur sa rétine, autant celle qui était malade, que l’autre. Et ce qu’il entendait nourrissait grandement son imagination, malheureusement.
Sôh-Mon ne baissa ses yeux que lorsque la frêle mamie l’interpella en se… Moquant de son nom ? ça ne semblait pas bien méchant, et il en avait bien l’habitude ! Depuis qu’il était tout petit, à chaque fois qu’il avait donné son nom, on l’avait raillé. Jeune, ça le blessait terriblement, car son prénom était le seul présent que ses parents lui avaient laissé -ça et quelques bijoux qu’il portait en permanence-. Mais aujourd’hui, s’il se sentait encore vexé, il comprenait également qu’il n’y avait pas vraiment d’envie de faire du mal. Du moins, pas venant de la mamie. Elle semblait brute de pomme, mais pas foncièrement méchante. Après tout, si elle lui voulait du mal, elle n’aurait pas utilisé de l’or pour le nourrir ! Même si on pouvait se demander si elle n’avait pas cherché à l’empoisonner, à lui apporter de la viande gâtée, lui un végétarien à l’estomac capricieux…

Ainsi, l’Uxyien n’en tint pas rigueur à son aînée, même s’il pensa que ses parents avaient finalement bien choisi son prénom. L’eau était pour lui aussi nécessaire que l’air, voire plus. Être un poisson aurait été une grande joie.
Grimaçant à cause de son mal de ventre, il murmura tout en remettant son manteau. Il n’était pas capable de bien plus, un peu trop malade pour réellement lui répondre. Et puis il fallait se montrer patient avec les personnes âgées, que les propos soient agaçants ou non.

« Je ne les connais pas, mais je suis fier du nom qu’ils m’ont donné, et j’espère qu’un jour je l’honorerai en devenant un "beau saumon"… »

Sur ces mots, malgré l’haleine fétide qu’il avait inspiré en grande quantité pour répondre du tac au tac, il sourit tout de même à l’ancêtre. En y réfléchissant, elle manquait de respect à ses parents tout autant qu’à lui, mais il ne pouvait pas tellement lui en vouloir. Il était évident que Petrushka n’avait pas tous ses esprits, et que de toute façon, son caractère lui donnait cette fausse absence de sensibilité.
Ecoutant les paroles qui suivirent, il ne répondit pas, autant pour ne pas l’interrompre dans ses souvenirs, que pour respirer. Ne plus parler lui permettait de pouvoir trier comme il le pouvait l’air qui parvenait à ses poumons, et le maintenir en vie…
Apercevoir quelques instants une vague de nostalgie sur les traits de la mamie frêle, lui rappela qu’il avait bien affaire à une personne vivante, et non pas à un cadavre en putréfaction doté de parole. C’était important de s’en rappeler… Car l’odeur avait tendance à brouiller son cerveau.

« Ah… »

Le regard de la généreuse Petrushka tourné vers l’une des fenêtres de la taverne sembla être un signe du destin ! Remerciant les Dieux créateurs en croyant à la fin de son calvaire, il fit deux pas en avant, en direction du tavernier qui se dirigeait vers leur tablée. La grand-mère venait de lui offrir une ouverture ! Il allait pouvoir récupérer la clef de sa chambre et courir à son pot de chambre pour pouvoir permettre à son estomac de rejeter… Tout ce qu’il y avait à rejeter. Ew.

Souriant doucement à l’homme, tous ses rêves s’écroulèrent en quelques mots et ses lèvres s’abaissèrent dans la seconde. Le poids de la clef, d’abord léger, devint aussi lourd qu’une grosse barrique. L’image paradisiaque qu’il se faisait de sa futur chambre venait de devenir la fournaise de l’enfer de Lotienix. Oh oui… Au lieu de se retrouver loin de cette… Mamie spéciale, seul dans une chambre pour pouvoir tranquillement vomir et tenter de se reposer, il allait avoir de la compagnie. Donc… Il allait devoir se rendre dehors pour pouvoir se… vider en toute tranquillité. Dehors, dans le froid… Enfin, ce n’était pas le plus grave, il revenait du village des Kitsunes… Non, le plus gênant, c’était LA COMPAGNIE en question. Ô malheur… Mais qu’avait-il fait pour que Kila et Soma le punisse ainsi ?... Avait-il décimé un peuple entier dans une autre vie ?...
Récupérant la clef en remerciant à demi-mots le tavernier, il se tourna vers la vieille Petrushka et déposa l’épaisse clef devant elle, sur la table, à la place du bol débarrassé qui avait été outrageusement recouvert de salive gluante.

« Je vous laisse vous rendre dans la chambre en première… Je dois… »

Sans doute bien amusé par la situation, le tavernier qui donna le bol à laver à la serveuse, lança plutôt fort que, comme chaque homme qui fini un repas, il devait faire une vidange.
Haha… Oui… Après avoir salué la mamie, le petit prêtre se dirigea dehors avec ses affaires, et s’éloigna un peu de la bâtisse pour très vite rendre ce que la vieille avait offert si gracieusement à son pauvre estomac. Il fit une vidange exemplaire, mais… Très très loin de ce qu’avait sous-entendu le tavernier. Tout fut rejeté en bloc, comme si ce brave corps attendait juste la permission de la volonté pour relâché ce qu’il avait retenu in extremis.
Ainsi, il vomit comme jamais il n’avait vomi, tout en pensant à son aînée. Elle était sauvage, un peu folle, mais en même temps censée et gentille. Elle avait bien payé pour son repas sans le connaître ! Et elle n’avait pas l’air de ceux qui s’attendrissent facilement…

Sôh-Mon se rinça le visage et la bouche avec l’eau manipulée à l’aide de son tome, puis il revint à l’intérieur du Printemps. Les lieux étaient fortement imprégnés de l’odeur de la grand-mère… C’était indéniable. L’air froid de l’extérieur lui manquait presque… Quoique… Il lui manquait. Pas assez pour dormir dehors, mais cette sensation d’air pur dans ses poumons, c’était… Comme un rêve irréalisable.
En pensant à sa destination, son estomac se crispa. Partager une chambre avec la vieille Petrushka… Résigné, emmitouflé dans son long manteau, il se dirigea vers le tavernier qui était occupé non loin des cuisines. Il devait lui demander la direction de sa chambre pour éviter de se perdre -même s’il était certain que ça ne changerait pas grand-chose tant son sens de l’orientation était mauvais-.

Allait-il survivre à cette nuit ?... Ah, il fallait être optimiste ! Que pouvait-il y avoir de pire que ce qu’il venait de vivre ?...




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Ecrit le Dim 15 Mar - 2:20
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Si la vieille folle avait offensé le voyageur avec ses paroles, elle ne le remarqua nullement. Elle n'était pas du genre à faire attention aux réactions ou aux sentiments de ses interlocuteurs, et heureusement car dans beaucoup de cas, ceux-ci n'exprimaient que du dégoût à son encontre. Elle parlait certes sèchement mais dans le cas présent, elle n'avait pas voulu se moquer du prénom de l'individu. Au contraire, elle aimait plutôt ce nom qui lui rappelait l'eau. Qui dit eau dit océan, et l'océan était à la fois son foyer, sa patrie, l'endroit où elle se sentait le mieux loin de toutes ces terres qui avaient dont elle gardait le souvenirs des habitants brisées, appauvrit, tailladés, démunis, écrasés par des nobles malintentionnés. L'océan lui était synonyme de liberté, de renaissance, de joie, de travail acharné et de camaraderie. Elle ne le dit pas, mais a elle aussi on lui donnait parfois une appellation de poisson, pour une raison qu'elle ne comprenait pas. Mais finalement, elle était plutôt flattée quand les petits jeunes de Khor la montrait du doigt en la nommant « Morue ». C'était un poisson plutôt imposant, et délicieux à déguster !
Mamie observa du coin de l'oeil le petit Plancton quitter la table en l'invitant à aller s'installer dans la chambre en première. Sans doute voulait-il l'inviter à se changer et faire sa toilette en premier afin qu'elle puisse prendre son temps comme une vraie dame, et elle fut toucher par ce geste de galanterie. Mais bon, comme vous l'avez deviné, la grand-mère ne s'embêtait pas à pratiquer tout ces rituels futiles. Si quelques uns s'amusaient à faire trempette pour se décontracter, elle préférait consacrer son temps à rapiécer ou lire un bon livre sur les exploits de l'immortel Sôma car, bien qu'on dit qu'il ne soit plus de ce monde, elle était persuadé que le divin dragon renaîtrait de la terre et des cieux plus puissant qu'avant. En attendant, il vivait éternellement dans le cœur de la grand-mère qui le vénérait autant que son capitaine.
Le jeune homme quitta la salle et se dirigea au dehors, et l'octogénaire gloussa en toussant pensant qu'il ne prétextait qu'une petite balade au clair de lune pour laisser un peu d'intimité à cette dame. Elle était si loin de la réalité, mais peut-être valait-il mieux qu'elle pense cela plutôt qu'elle apprenne ce qu'il était en train de faire. Elle prit donc la grosse clé sur la table de ses doigts squelettique et passa devant le comptoir, sous les regards des clients et de la serveuse soulagée de son départ, pour se diriger vers les escaliers de bois. Ce n'était pas la première fois qu'elle les montait, car elle avait déjà séjourné dans cette auberge des années auparavant, et elle prenait toujours la même chambre. La plus petite, tout au bout du long couloir, à l'opposé des marches d'escaliers. Le son de sa canne résonnait sur les murs alors qu'elle arpentait cet endroit étroit avant d'arriver face à la porte de sa chambre provisoire. Elle enfonça sa lourde clé dans la serrure, tourna, et redécouvrit cette pièce qui n'avait presque pas changé au fil du temps. Elle était relativement petite et sombre, éclairé par trois bougies posé sur des minuscules tables de chevet au coin de la pièce. Le gérant avait probablement dû les allumer alors qu'il préparait la chambre. Trois tatamis étaient posés sur le sol de bois qui grinçait sous les pas de la vieille qui n'était pourtant pas si lourde que ça. Par dessus, des couvertures assez fines les couvraient. Chaque espace était délimité par des paravents, ce qui donnait l'impression que la pièce était encore plus réduite. Une seconde porte donnait accès a une salle de bain minuscule qui contenait de quoi se laver, une bassine de bain en bois et quelques affaires qui n'intéressait guère notre grand-mère, de quoi faire ses besoins aussi et un mot qui expliquait qu'il fallait s'adresser au gérant pour que celui-ci ou sa femme vous apporte de l'eau chaude si besoin. Mais comme vous l'avait probablement deviné, Petrushka se passa bien de tout ça et retourna dans la pièce à coucher.
La chambre avait un problème majeur qui n'avait apparemment pas été réglé depuis toutes ces années : une arrivée d'air frais. Pourtant en hauteur, on aurait pu penser que la cuisine en bas apporterait sa chaleur ainsi que ses bonnes odeurs, mais il n'en était rien. En effet, cette pièce était la plus éloignée de tout le reste, des autres chambres et de l'escalier. Et puis, elle était si misérable que tous préférait mettre un peu plus d'argent pour l'éviter, et le manque de présence humaine dans cet endroit ne le rendait que plus triste et froid. Et puis, il y avait cette fenêtre aussi, qui laissait passer l'air.

- Bigre ! Le gamin va attraper la mort à dormir ici. Et puis, ce ne sont pas ses vêtements qui vont le tenir au chaud. De plus, il n'a que la peau sur les os, même pas un peu de graisse pour se réchauffer.

Alors, la vieille femme eut une idée. Elle posa son bâton dans un coin, retira la couverture du lit en trop ainsi que sa propre couverture et les déplaça sur le lit le plus éloigné de la fenêtre. Même si le voyage n'était pas si long, elle manqua presque de tomber plus d'une fois dans ces allers-retours. Elle prit même soin de mettre l'oreiller qui lui était destiné sur celui du lit du voyageur car ces tête de lit n'étaient pas vraiment rembourré et elle était du genre à aimer dormir complètement à plat, sûrement une habitude qu'elle avait prise en dormant par terre dans la rue en temps de guerre. Une fois le lit préparé, elle alla prendre celui le plus proche de la fenêtre car tout de même, il lui était toujours inconfortable de dormir à côté d'un inconnu, même s'il lui rappelait ses petits mômes de la piraterie. Elle se mit à genoux sur le tatami qui lui servait de matelas et fouilla dans son sac pour en sortir sa couchette faite en peau de bêtes. Elle ne partait jamais sans, car un sac de couchage était un outils indispensable quand il fallait partir en expédition comme c'était le cas actuellement. Avec son habit de fourrure et sa couchette, elle était enfin prête à passer une nuit dans le chaud malgré le vent glacial qui s'engouffrait dans la chambre. Elle lécha son pouce et son index et les écrasa sur la mèche de sa propre bougie afin de l'éteindre, plongeant son coin de la pièce dans l'obscurité.
Alors qu'elle fermait les yeux prête à rejoindre les bras de Morphée -heureusement que cette expression existe, car c'est bien le seul qui voulait bien dormir en l'enlaçant- , elle entendit un bruit. Un bruit qu'elle connaissait que trop bien, un bruit qu'elle redoutait. Un bruit qui lui rappelait trop de souvenirs, de cauchemars de sa vie d'avant. Un bruit qui lui faisait hérisser les poils de ses jambes, son dos et même ceux de sa moustache duveteuse. Ses yeux s'ouvrir à nouveau tandis qu'elle posa son regard sur la pièce. Rien. N'était-ce que son imagination ? Elle l'espérait. Pour se rassurer, elle sorti son tome de magie noire non pas comme une arme, mais comme un talisman. En position foetale comme elle dormait habituellement, son bâton collé à elle comme pour remplacer sa mère, et serré contre son coeur son tome, paiement de son premier capitaine, avec une couverture sur lequel se dessinait la représentation de Sôma en dragon qu'elle effleurait et caressait du bout de ses doigts crochus.
Elle adressa une prière silencieuse à Sôma en lui demandant d'éloigner toutes menaces afin qu'elle puisse passer une bonne nuit. Et que le garçon aussi. Et qu'il n'attrape pas froid. Et qu'il... bref, elle adressa bien trop de prière au dieu dragon, mais tout en priant, elle finit par trouver le sommeil, et son ronflement sonore faisait écho dans le couloir extérieur.
Si seulement la nuit se passait dans le calme. Si seulement... Mais tes craintes sont fondés, Petrushka. Tu aurais dû faire confiance à tes oreilles. Tu ne les connais que trop bien. Leurs sons. Leurs odeurs. Ils arrivent... à moins qu'ils soient déjà là...

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Ecrit le Lun 16 Mar - 17:50
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« A force de voleter sans but précis[...] » ft Petrushka







Comme le petit prêtre l'avait prédit, demander son chemin au tavernier  ne l'empêcha pas de se tromper plusieurs fois de chambres, avant de trouver la bonne. Après avoir gravit les escaliers un peu branlants et pas très pratique, sa première épreuve fut de trouver son chemin dans le petit couloir sombre... La première porte était restée fermée à clefs. La seconde, il avait surpris un homme en tenue plus que légère, occupé à... Bref, il avait immédiatement refermé la porte en s'excusant vaguement. C'est au bout de la troisième tentative qu'il trouva la chambre qu'il avait réservé : La plus petite de l'auberge, la moins chère, et il le supposait : La moins confortable.
L'odeur de Petrushka n'avait pas pu le guider tout simplement parce qu'à force de la côtoyer de si près, et de manger...Puis vomir son immonde mixture... Son odorat semblait faire la grève. Pour la nuit, il faudra donc au Saumon de faire... sans. Les ronflements de la vieille femme ne l'aidèrent pas plus. Respectueux malgré tout, Sôh-Mon écouta discrètement pour être sûr de ne pas déranger sa vieille colocataire d'une nuit. Sûr que les ronflements venaient bien de sa personne, il entrouvrit doucement la porte pour pouvoir observer les alentours. Aucun doute à avoir. C'était bien... La chambre qu'il partageait avec elle. L'odeur ne trompait pas. Il ne pouvait se fier qu'à elle, car dans la semi obscurité, la discerner sous ses couvertures était compliqué.

La pièce n'était pas très grande... Voire... VRAIMENT pas grande du tout. Peu éclairée comme la plupart des chambres qu'il avait eu le luxe de visiter au cours de ses voyages à travers Nirally, Snowllia et Ama, elle avait en revanche quelque chose en plus.
Oh certes, elle se trouvait être particulièrement glaciale, sans doute y avait-il un carreau mal réparé quelque part...

Non...

Ce qui marquait le plus Sôh-Mon, était cette atroce odeur qu'il avait déjà vue (SENTIE) de près. Une odeur qui lui retournait son estomac encore tout fragilisé. Celle de la gentille mamie. Gentille, et avec un caractère aussi fort et prenant que son... Parfum naturel. Il y avait également des paravents séparant leurs deux couches, une porte au fond de la pièce, servant sans aucun doute de salle de bain. La température était digne d'un igloo, et il n'y avait aucune aération, mais le petit Saumon ne  s'en plaignit pas. Il avait passé des nuits bien plus compliquées pendant son ascension au village de Ofeil !
Comme à son habitude, surtout lorsqu'il louait une chambre à partager comme celle-ci, il choisissait de prendre son bain le lendemain, juste avant son départ.
Assuré qu'il ne rentrait pas en douce dans la chambre d'un autre, il referma le plus doucement possible la porte derrière lui, et se dirigea sur la pointe des pieds vers ce qu'il pensait être sa couche, dans le plus grand des silences. Le petit prêtre regarda la vieille dormir, semblait-il profondément, puis sa couchette... Et la sienne. Et encore celle de Petrushka.

«!!!»

Quelle honte. Il n'avait jamais eu aussi honte de toute sa courte vie. Cette vieille dame pouvait bien sentir comme 10 cadavres, et lui faire toutes les mixtures bizarres et in-mangeable de tout Uxynael... Elle possédait un coeur bien trop imposant pour une carrure aussi fragile. Le choc pour lui avait été grand en voyant cette fine silhouette emmitouflée tout proche de la fenêtre au carreau cassé, et... Et sans oreiller. Son installation devait être inconfortable à souhait ! Et tout ça pour lui ?? Car oui, en voyant que la couchette n'était pas adaptée à une femme de grand âge, il avait cherché les absents, et les avaient immédiatement retrouvés dans SA propre couche. Un oreiller en supplément, et deux couvertures en plus... Incroyable. En comparaison à elle, il n'avait aucun sens de l'altruisme. Un sentiment d'injustice au bord des lèvres, il ne faisait presque plus attention à l'odeur. C'était fort, c'était condensé par le manque d'aération... Et mélangé avec l'haleine de la mamie.

Oh, bien vite, il retrouva un peu ses esprits, et retint sa respiration. Rangeant non loin de sa couchette sa lance, il sorti silencieusement son tome de son sac, et invoqua doucement une bulle d'eau. Parfaitement formée, il l'amena contre la fenêtre, et laissa le liquide s'y étaler et geler instantanément face au souffle glacé du vent des montagnes de Snowllia. C'était un cache de fortune. La température n'allait sans doute pas augmenter pour autant, mais au moins, la vieille femme ne se fera pas déranger dans la nuit par un filet d'air frais dans la nuque. Souriant tendrement, il quitta le paravent le séparant d'elle (mais pas de son odeur), et entreprit de quitter ses chaussures, de s'agenouiller sur sa couchette moelleuse, et de chuchoter le plus discrètement une prière à Kila et à Soma, les Dieux dragons créateurs. Il les remercia d'avoir mit sur son chemin quelqu'un d'aussi gentil à son égard qu'une femme comme Petrushka, et pria pour son bien être et sa paix intérieure. Il en murmura également une pour son père, le prêtre Killian, pour son village et pour ses amis, notamment Sehun, rencontré à son village. Son petit rituel fait, il regarda une nouvelle fois vers le paravent et soupira. Il regrettait qu'elle se soit endormie si vite. Il aurait pu tenter de lui faire changer d'avis, et d'au moins lui donner une couverture en plus pour qu'elle ait bien chaud.
Perdu dans ses pensées, l'odeur toujours aussi désagréable et nauséabonde le rappela à la réalité.

« Hm... Bonne nuit Grand-Mère Petrushka. »

Sôh-Mon noua sa longue tresse autour de son cou pour lui tenir plus chaud, comme le ferait un Kitsune avec sa propre queue, puis remonta son épais manteau par dessus les couvertures gentiment cédées par la vieille femme. Il allait tenter de rester éveillé le plus possible. Si jamais il entendait sa colocataire tousser, il s'était jurer de se lever, et de lui donner une couverture coûte que coûte. Elle n'allait pas lui faire bien mal, à part râler, peut-être.

Et puis, quand bien même elle lui assènerait plus que des paroles, le Saumon de Tharas partait du principe que la mixture qu'il avait ingurgité était le summum de l'horreur. Le reste n'était que détails...

Et puis... il allait sans doute avoir du mal à s'endormir. Qui dormirait paisiblement, entre des ronflements, une odeur fortement repoussante et une haleine fétide ?





Halloween
[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse NjTbuOE[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse 8Y1xuul

[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse

Ecrit le Jeu 26 Mar - 22:18
Petrushka
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Featuring : Baba Yaga
Pirates





Avez-vous déjà vu la mort dans les yeux ? Avez-vous déjà senti l'odeur du sang s'écoulant de la gorge de votre propre mère, le regard paralysé par la peur ? Avez-vous, durant votre vie, été pourchassé par votre géniteur ou l'avez-vous poignardé à mainte reprise par instinct de survie autant que par soucis de vengeance ? Une fois tout ceci passé, avez vous espéré trouver la paix dans une ville remplie de cadavres, de soldats défigurés et estropiés dont les plaies infectées les faisait crier de douleur chaque nuit, à côté de vous, dans une ville habitée principalement de mendiants et d'orphelins qui n'avaient pour se réchauffer que le peu de peau qui les séparait de leurs os, ou chacun se demandait s'il mourrait de faim ou de maladie, et ou les corps à chaque coin de rue finissaient par faire parti du paysage sans que plus personne ne s'en préoccupe. Lorsque vous vous endormiez en souhaitant bonne nuit a celui qui dormait à même le sol à quelques pas de vous, et que vous vous réveilliez le jour suivant en constatant son décès pendant la nuit, vous ne vous sentiez pas triste. Vous ne vous posiez que deux questions « Pourquoi lui plutôt que moi ? Quand sera mon tour ? » et vous étiez juste tiraillé entre l'envie de survivre à cette situation miséreuse, ou bien se laisser emporter par la faucheuse car votre vie n'avez plus aucun sens. Ces années de folies depuis la mort de votre mère vous rongeant tellement que vous finissez par ne parler de vous qu'à la troisième personne pour mettre de la distance avec la réalité, comme si vous n'étiez que spectateur et non acteur de votre propre vie. Car celle-là est trop dure à supporter.
Chers lecteurs, j'ose à penser que tout ce scénario n'est que fictif pour vous, mais sachez qu'il était bien réel pour notre grand-mère. Même si les longues années se sont écoulées entre cette vie passé et ce qu'elle était devenue à ce jour, une fière pirate, ces cicatrices si profondes ne se referment jamais. Quand la mélodie de l'océan ne chantait pas à ses oreilles, quand le bateau ne tanguait pas pour la bercer de ses bras de bois, elle avait toujours du mal se reposer profondément, trop agitée par ses insécurités et, comme cette nuit, par ses cauchemars. Il lui avait fallut d'un bruit. Un bruit de ce qu'elle craignait le plus, et à nouveau son pire souvenir refaisait surface, émergeant devant ses yeux aux paupières fermées. La femme qui l'avait éduquée. La femme qui l'avait aimé lui demandant de fuir avant de recevoir un châtiment non mérité. La lame tranchante transperçant sa trachée, entraînant un terrible cri,  transgressant le silence de la nuit. Tremblante et terrorisée, Petrushka avait tracé sans se retourner avant d'être traquée par ce détraqué. Le souvenir de ces yeux bleus perdant la vie. Du bruit du corps inanimé s'écroulant au sol. Puis l'adolescente suivant a vive allure dans les rues de Khor avant qu'elles se superposent aux ruelles de Torix. L'adolescente est devenu une jeune adulte, lance en main, et celui qui était le traqueur est désormais traqué. Elle lui assène plusieurs coups dans le dos jusqu'à être satisfaite, retourne le corps de sa victime avant de découvrir le visage de sa mère, ses yeux bleus sans vie la fixant, une large plaie à la gorge. Tétanisé, la jeune femme s'enfuit et le paysage change encore. Elle se trouve de nouveau à Khor, toutes les rues se ressemblent. Le brouhaha des rues camoufle le bruit de la course de celle qui est désormais adulte. Elle continue de fuir sans savoir pourquoi. Elle évite la foule, s’engouffre dans les ruelles de la ville, marche dans des flaques. Elle s'arrêtent. Son regard se pose sur son environnement. Les malades se confondent avec les cadavres. Elle pose son sac a terre, prend son bâton pour leur venir en aide. Il faut les soigner, il faut les couvrir. Aura t-elle assez de peaux pour réchauffer tout les survivants ? Y'A T-IL DES SURVIVANTS ? Son artefact se met à briller, son sort de soin veut s’enclencher. La lumière qu'il produit la laisse découvrir avec horreur tous ses cadavres, le cou tranché, tous la fixant de leurs yeux bleus tandis que le sang coulait sur leur chevelure blonde. Sa mère ou plutôt ce qu'il en restait, multipliée, jonchant le sol. Horrifiée, la jeune rousse se mit à courir encore et encore en sautant par dessus les restes de ses mères, pleurant sans émettre le moindre son. Etait-ce réel ? Ou se trouvait la sortie de ce rêve ? Qui était-elle ? Les pensées s'embrouillait dans l'esprit de Petrushka qui ne savait plus ni son nom, ni où elle se trouvait. Elle s'était enfuie. Elle l'avait fait. Parce qu'elle avait couru après son ami, sa mère en avait payé le prix. Et après cette infamie, elle s'était encore enfuie.


Tout était de sa faute. Tout est de ta faute, n'est-ce pas Petrushka ? Après tout, c'est toi qui as couru dans la ville pour retrouver ton bouc, Petrushka. Hahahaha. Dire qu'un seul bruit t'as mis dans cet état, ma jolie Petrushka. Oh, je te fais de la peine ? C'est comme ça que t'appelait ta mère, alors que tu n'es même pas belle. Tu as son visage pâle. Ses cheveux roux. Son cœur noir. Tu cherches une famille, ô jolie, jolie Petrushka ? Tu as tué la tienne. Et tout ses humains qui mourraient à Khor te rappelaient se fait. Tu voyais son visage sur chacun d'eux, et tu restais dans cette ville pour te rappeler que c'était là qu'elle avait été égorgée. Abandonnée. Chaque cadavre était un miroir de ce qui s'était passé après ta fuite. L'odeur, la décomposition de son corps. Alors, parfois, quand cela était trop dur pour toi, tu prenais les corps sur ton dos menu et les traînaient hors de la ville. Les habitants te remerciaient, pensant que tu faisais ça dans un but hygiénique. Mais tu faisais ça parce que tu ne supportait plus de voir encore et encore le visage de celle qui t'avait aimé.


Ces souvenirs, Petrushka les avaient enfoui au plus profond de son âme. Le Balafré lui avait offert une famille, l'avait éloigné de la misère et quand elle avait remit les pieds sur terre, c'était dans une contrée très peu touché par les guerres. Il l'avait sauvé. Alors, par tout les dragons, pourquoi cela lui revenait en mémoire en ce jour ? Ce n'était pas l'auberge, elle avait séjourné ici bien plus d'une fois sans que ces cauchemars du passé ne viennent la hanter.

La « peur ». Qu'évoque ce mot pour vous ? La peur peut-être une odeur, un bruit, une silhouette, un nom murmuré. Elle peut vous apparaître floue, une ombre, un souvenir. Peu importe sous quelle forme elle se déguise, vous la ressentez au plus profond de vous. Quand la vieille dame se réveilla de son cauchemar, elle était dans la même position que lorsqu'elle s'était endormie et pourtant diverses signes distincts étaient apparut. Ses cheveux fins et blancs collaient sur son front dégoulinant de sueur, sa respiration était saccadé, ses yeux remplis de larmes bien qu'aucune ne soient tombées. Ses mains tremblaient, elle frissonnait de froid alors que son corps était brûlant. Ses extrémités étaient engourdies. Comme si cette nuit n'avait pas été assez agité, sa pire crainte apparut devant ses yeux. D'abord, elle entendit des petits pas sur le plancher, à peine audible. Puis, un couinement. Une ombre passa avant de s'arrêter juste devant elle. Le reflet de la lune passa par le carreau brisé de la fenêtre et se refléta dans deux yeux noirs, brillants comme des petites billes, fixant la grand-mère perturbée. Petrushka n'avait pas peur de la solitude, ni de l'obscurité, peut-être même pas de la mort et pourtant, un simple petit animal pouvait la terrifier. Un rat.

Rats des villes, rats des champs, rats habiles, rats méchants. Ce rongeur était qualifié de fléau pendant et après la guerre. En ce temps, les rats n'avaient rien à voir avec ceux qui vous connaissez actuellement. Ils faisaient la taille d'un bras d'enfant. Ils étaient porteurs de maladies, se reproduisaient tant et si vite qu'il était impossible de s'en débarrasser. Ils grouillaient de toute part et réduisaient en miettes tout sur leur passage. Ils vous rendaient la vie impossible dans ce climat déjà fort difficile. Ils se nourrissaient du peu de vivre que les villages conservaient et parfois même, il était possible de les voir à l'intérieur d'un corps mort pour lui mâchouiller les entrailles. Répugnants. Détestables. Combien de fois Petrushka se réveillait, hurlant de douleur, car cette vermine cherchait à la dévorer vivante. Si vous êtes déjà dérangé par une simple piqûre de moustique, imaginez qu'un énorme rongeur profite de votre sommeil pour planter ses crocs dans votre ventre, en essayant de se faire un tunnel jusqu'à votre estomac, plusieurs nuits par semaine au point que vous en deveniez fou. Vous en tuez un, dix reviennent le jour suivant. Vous voyez, les moustiques sont plutôt agréables, finalement.

Le rat continuait de la regarder. Était-elle encore en train de rêver ? Etait-ce réelle ? Était-elle une jeune femme dans les rues de Khor, se battant pour sa survie ? Elle ne savait plus la frontière entre le souvenir et l'instant présent. Qui était-elle ? Que faisait-elle ? Elle devait se débarrasser de cette vermine. Les visages ensanglantés de sa mère lui revinrent en mémoire. Son cadavre avait-il était rongé par ces rats ?
Elle tenta de se lever quand une vive douleur se lança dans ses jambes. Il s'agissait peut-être d'une crampe ou d'arthrose, mais dans son imaginaire, la grand-mère cru que le rongeur y était pour quelque chose. Elle tendit son bras jusqu'à attraper sa canne un peu plus loin, puis sans pouvoir se lever, commença à ramper jusqu'à son pire ennemi. La peur se transforma en démence. Un large sourire inquiétant fendit le visage de la vieille sorcière qui commença a fredonner une chanson au rythme angoissant.

- Petrushka te tiens, Petrushka te tiens, le vil Malin...

L'animal fit quelques pas, mais ne ressenti probablement pas le regard meurtrier de la folle qui s'abattait sur lui. Visant la pauvre bête de sa canne, d'un geste vif et brutal, elle le poussa sauvagement contre le mur le plus proche. Le rongeur éclata sous la pression, laissant une bulle de sang tacher le mur et le sol. Petrushka n'en avait pas fini avec lui, elle s'acharna sur l'animal déjà mort en lui assenant des coups de canne, encore, encore, ce même mouvement qu'elle avait utilisé avec une lance lorsqu'elle avait assassiné son propre père. Un ricanement sonore et aigu retenti dans toute la pièce. Le cadavre broyé de l'animal n'était pas satisfaisant. Avec cette adrénaline, la folle ne sentait plus la douleur de ses jambes et se mit à quatre pattes pour s'approcher de la... chose qui ne ressemblait plus à rien. Elle prit entre ses doigts les organes internes en charpie de la bête tout en souriant. Puis, elle prit l'animal vidé et utilisa ce qu'il en restait pour peindre une large trace sous la fenêtre. Elle n'entendait plus rien, prisonnière de ses cauchemars et de sa propre folie, n'arrivant plus à distinguer la réalité. Elle en était sûre, si un rongeur était là, d'autres rôdaient probablement encore. Des dizaines d'autres. Des centaines d'autres. Ils la regardaient, tapis dans l'ombre, attendant qu'elle s'endorme pour attaquer. Elle n'avait pas le choix, elle se devait de tous les réduire en miettes. La vieille s'aida de sa canne pour se mettre debout et pour les faire sortir de leurs cachettes. Toujours en fredonnant cette même berceuse de l'horreur, elle avança dans la pièce.

- Où êtes vous, petits ratons ? Où êtes vous, fils de Démon...

Sa canne ensanglantée frottait sur le sol grinçant tandis qu'une faible lumière magique s'en échappait. Le visage de Petrushka se dévoila dans la pénombre, et elle n'avait plus rien d'une gentille grand-mère.

[-16 ans. Horreur] « A force de voleter sans but précis, comme le fait une mouche, on finit toujours par rencontrer un rat mort ou une bouse de vache. » Ft Sôh-Mon Dod'Ousse

Ecrit le Mar 31 Mar - 0:06
Sôh-Mon Dod'Ousse
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Classe Astra


« A force de voleter sans but précis[...] » ft Petrushka







Loin des tourments de la Grand-Mère aux senteurs…épicées, Sôh-Mon s’était quant à lui enfoncé dans des songes tout en légèreté. Il se trouvait dans le seul lieu qu’il considérait comme étant réellement le foyer de son enfance, le village de Tharas. Il n’y avait peut-être pas passé toute sa vie en ces lieux, mais le peu qu’il avait vécu là-bas suffisait à son bonheur. Il n’avait pas pu emmener sa sœur, Eanhos, et c’était le souhait de Kila elle-même d’après son père, de laisser la petite fille dans le grand Sanctuaire au sud de Nethi. Alors, même si son sang n’était pas réuni avec celui de sa cadette, il savait -espérait- que leur cœur battait à l’unisson, qu’elle allait bien, et qu’elle ne lui en voulait pas.
Malgré le léger fond de regret, le petit prêtre faisait un bon rêve. Il était chez lui, dans le temple qu’il avait chéri toutes ces années, avant, puis après le départ de son père. Ce songe n’était qu’une succession de souvenirs heureux, à peine déformés et souvent un peu flous. Tantôt il voyait des villageois souriants, des enfants s’amusant, de l’eau s’écoulant… Tantôt il voyait le soleil chaud et aveuglant, la statue de la Déesse Kila bienveillante, et Sehun…

Ce jeune homme voyageant à travers monts et marées qu’il avait rencontré un beau jour où il avait décidé de nettoyer le linge du Temple. Il avait beaucoup apprécié ces moments, un peu comme si une amitié presque fraternelle c’était installée entre eux. Enfin, c’était son ressenti. Et il n’avait jamais osé en parler à celui-ci. D’abord parce qu’il trouvait déplacé ce sentiment, comme s’il essayait de remplacer sa petite sœur, et puis, il ne le voyait pas assez souvent pour prendre la peine de lancer une conversation potentiellement désagréable pour eux deux.
Le songe du petit Saumon se précisa, il perdit en température et l’emmena dans ce qui ressemblait aux monts de Snowllia. Beaux et majestueux, mais parfois terriblement glaçant.

« Sosoo ! Grand-frère !... Ne pars…pas. J’ai mal. J’ai… SI MAL. »

C’est à cet instant précis que le jeune homme à la longue natte senti son rêve lui échapper. Il avait de plus en plus froid, et de plus en plus peur. Il voyait flou d’abord, puis clairement une petite fille sans visage aux cheveux bleus, pleurant et gémissant de douleur. Elle était encerclée par des personnes malveillantes qui la torturait sans qu’il n’en voie le détail. Sa souffrance était sienne, et chaque geste malheureux envers sa cadette lui retirait des hurlements, comme si c’était lui, la victime. Il la vit grandir sans jamais pouvoir déceler ses traits clairement, et les hurlements de la jeune fille se mêlèrent aux siens. Elle avait mal. Et lui aussi. Mais le chagrin de Eanhos était plus fort.

Comment ne pouvait-elle pas lui en vouloir ? Comment ne pouvait elle-pas le maudire pour l’avoir laissée et avoir écouté si docilement Kila ?
Les regrets que Sôh-Mon s’était juré de ne plus ressentir se faufilèrent, et profitèrent de sa faiblesse passagère. Et alors que les hurlements se faisaient plus effacés, un son encore plus terrifiant encore se fit entendre.





Un chant. C’était… Le chant qu’il interprétait chaque année, le premier jour de la Lune de la Chauve-Souris Céleste, pour la Célébration de la naissance de la Déesse Kila…
Plus récemment pour lui, il ne s’agissait plus totalement d’un heureux évènement. Cette célébration partageait cette date avec le souvenir atroce que le petit Saumon avait malgré lui.
Du sang qu’il perdait. Des cris qu’il poussait. Des… Coups qu’il recevait. Plusieurs. Le bruit des os se brisant… Encore… Et encore… Et… Encore…

C’était si… Réel. Au bout de quelques microsecondes, le petit prêtre entrouvrit ses yeux, oubliant déjà à moitié les songes qui le tourmentait il y a peu. En se redressant doucement, il sentit son manteau glisser doucement sur son torse, et sa natte chatouiller son cou. Il se trouvait… Dans une pièce sombre, et-

« Ugh ! »

Immédiatement, le jeune homme porta sa main à son nez, choqué par l’immonde puanteur qui le frappa de plein fouet. Il ne s’y attendait pas, mais ça aura eu le mérite de lui rappeler le contexte dans son entièreté. Il n’était pas seul dans cette chambre glacée, oh non. Et un son le lui rappela avec plus de force.
La voix d’une vieille femme résonnait froidement dans la pièce… Son odeur emplissait les pauvres murs et… Des sons aussi étranges qu’écœurants également.

« … Grand… Grand-Mère Petrushka ?... »

C’était bien elle ?...

Sôh-Mon se redressa un peu plus, il ignora sa natte qui se défit car le tissu qui la retenait n’était plus, et concentra son œil le plus performant -le droit- et toute son ouïe pour comprendre quel était le problème. Etait-elle malade ? En crise ?

« Par Kila et Soma… »

Il était à genoux, non loin de ce que la dénommée ‘’Grand-Mère Petrushka’’ était en train de faire. Elle… frappait quelque chose. Sans s’interrompre. Quelque chose qui devait être vivant, mais qui ne devait plus l’être.

Plus du tout.

Horrifié, ce spectacle clairement éclairé par la lune du Renard Camouflé, le petit prêtre itinérant aux longs cheveux bleus remarqua une… Tâche sombre, non loin de la vieille Petrushka. La scène était indescriptible. L’horreur était trop… Présente. Et plus les secondes défilaient, plus le jeune homme se sentait horrifié. Il lui semblait être en présence d’une personnification de la folie.
La mamie qui lui avait offert généreusement un repas, était maintenant en train de tuer -Kila et Soma savaient quoi-, et de massacrer son cadavre. Elle… Avait littéralement écrasé son cadavre sur le mur.

« Grand-Mère ! Grand-Mère ! »

Il avait peur de ce qu’il voyait, et de ce qu’il entendait. Mais plus encore, il avait peur pour cette vieille femme. Elle venait d’écraser une vie, mais s’en rendait-elle compte ? Pour quelle raison ? Est-ce que sa santé était en jeu ?
Ce geste était bien malheureux, mais rien aux yeux de Kila n’était impardonnable.


… Rien.


Alors Sôh-Mon mit de côté ses ressenti d’homme, et se rappela de la charge qu’il avait en tant que Curé de Tharas. Il se releva, tituba, et trébucha sur son manteau et ses nombreuses couvertures. Ainsi dévêtu, il aurait dû frissonner de froid, et être victime d’une terrible chaire de poule. Mais son corps était parcouru d’une puissante adrénaline. Il FALLAIT qu’il aide cette femme. Elle lui faisait peur, à être ainsi menaçante, mais il devait penser à la personne gentille derrière cette attitude sombre. Une personne qui avait besoin d’aide. Car, une personne perturbée avait toujours une raison de l’être. Et son rôle, même s’il n’était plus qu’un simple prêtre itinérant, en recherche de savoir sur la divinité Soma, était toujours d’aider. Quel qu’en soit le prix.
C’est pour cette raison qu’il franchit les quelques mètres qui le séparait de sa bienfaitrice, et saisit ses maigres mains, et son bâton. Il resserra ses mains chaudes sur les siennes, et senti un liquide poisseux et encore tiède entre ses doigts. Il savait d’où ça venait, mais il préféra ne pas y penser. Ce n’était pas le moment. Comme ce n’était pas le moment de souffrir de l’odeur forte de son vis-à-vis. C’était difficile à supporter, mais il y avait bien plus important. Au lieu d’écouter son odorat, il devait écouter son cœur.

« Grand-Mère Petrushka ! »

Chaleureux, mais ferme. Il devait la ramener avec lui, peu importait où elle s’était perdue. Elle avait l’air si… Différente. Si… Cruelle ? Mais en même temps, si fragile…
Resserrant ses mains doucement sur les doigts maigres de sa colocataire pour une nuit, il plongea son regard vairon dans le sien.

« Il n’y a nul démon en ces lieux… Vous êtes ici avec moi Grand-Mère Petrushka ! Je… Ne comprend pas ce qu’il vous arrive, mais calmez-vous ! Cette bête ne vous aura rien fait ! Et aucune autre ne le fera ! Vous êtes en sécurité en ces murs. Je… En tant que prêtre de Kila et Soma, je vous jure que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous protéger si vous êtes… toujours inquiète… »

Il s’attendait à de possibles coups, ou qui sait, peut-être des sorts ? Mais il n’allait pas reculer pour autant. La peur de la souffrance ne devait jamais être un moteur, c’était aussi un des enseignements qu’il avait retiré de l’éducation que lui avait gracieusement offert son père. C’était difficile, mais réalisable…

… Il l’espérait de tout son cœur.






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